Laure Limongi

INDOCILES

Laure Limongi



Évoquant la vie du livre dans ses différents supports, mais aussi, comment on peut rater une mousse au chocolat pour la première fois de sa vie après trente ans de mousses au chocolat réussies, Laure Limongi délivre aux Laboratoires d’Aubervilliers sur une invitation de Daniel Foucard son manifeste d’indocilité, tout à la fois résistance et nécessaire émotion devant le chant complexe, varié du monde. Aux prises avec le temps, la mort, l’écrivain et photographe Denis Roche ou encore l’écrivain et réalisateur B.S. Johnson sont évoqués et commentés dans une performance qui allie lecture et projection vidéo. Avec parfois, le surgissement d’un régime de bananes.

« Les zombies postmodernes que nous sommes évoluent à toute vitesse dans un monde poubelle, fiers de leurs déchets qui sont tellement d’eux-mêmes. Un monde d’obsolescence programmée tant peuplé de Vanités que leur nombre annule leur effet. Quand le lave-linge, la voiture, l’imprimante vous balancent à longueur de journée des memento mori, comment les prendre aux sérieux ? Bip agonisants et montagnes d’emballages, la mort a besoin de dignité, merde.

Supériorité dérisoire du genre humain sur une planète qu’il est en train de détruire, massacres en tous genres, rivières de sang, cynisme politique, manipulations de masse…

On pose que l’acte de résistance importe, quel qu’il soit.

Par exemple, dans ce règne de la productivité et de l’argent-dieu, s’attacher à l’une des activités les moins rémunératrices : l’écriture.

On parle bien évidemment d’une écriture indocile, pas d’une écriture de flux.

“Sont indociles pour moi des artistes qui interrogent la forme, la réinventent. Peuvent requérir une participation active de la part du lecteur. Qui ne se lovent pas dans la facilité de la mode. Qui n’hésitent pas à déjouer les notions de genres, de frontières. Qui sont mus par la nécessité.

On aura compris qu’il s’agit également d’une posture politique.”

L’écriture fait partie intégrante de l’activité artistique.

L’écriture indocile ne renvoie pas le lecteur dans les cordes de la passivité, s’arrogeant lui et lui seul l’usage de l’imagination.

L’écrivain indocile peut ainsi tout à fait déborder du champ de la page. Et il ne s’en prive pas… »



Laure Limongi est née à Bastia et vit à Paris. Elle a publié : Éros Peccadille (poésie, Al Dante, 2002), Je ne sais rien d’un homme quand je sais qu’il s’appelle Jacques (fiction, Al Dante, 2004), La Rumeur des espaces négatifs (avec Thomas Lélu, Éditions Léo Scheer, 2005), Fonction Elvis (roman, Éditions Léo Scheer, 2006), Le Travail de rivière (fiction ; avec Fanette Mellier, Dissonances, 2009), Indociles (essai littéraire, Éditions Léo Scheer, 2012), Soliste (roman, Inculte, 2013). Elle publie également en revues et collectifs et donne des lectures publiques, parfois musicales, ainsi que des conférences. Elle est par ailleurs pour l’année 2013-2014 professeur de création littéraire à l’École supérieure d’art du Havre. Éditeur, elle a créé en 2006 et dirige la collection Laureli dévolue à la publication de livres de littérature contemporaine – 53 titres parus à la rentrée 2013.

www.laurelimongi.com


23 novembre 2013
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