Méduses

Dans la gelée.

Tous les jours, on apprend des choses nouvelles et surprenantes.
En 1991, des méduses (méduse commune, Aurelia aurita ou méduse lune — bien surnommée) ont été envoyées dans l’espace à bord de la navette spatiale Columbia. Contenues dans des sacs remplis d’eau de mer artificielle, sous forme de polypes.
(Les œufs, incubés entre les tentacules de la méduse, donnent naissance à une larve appelée planula, qui devient indépendante, puis se fixe au fond de la mer, et devient polype, qui se développe jusqu’à la strobilation, reproduction asexuée par segmentation spontanée et transversale du corps. Chaque disque libéré est un sphira qui, en peu de temps, se transforme en une petite méduse qui grandit jusqu’au stade adulte, etc. ; voilà, vous savez tout sur la reproduction des méduses.)
2478 polypes, filmés scientifiquement au fil de leur développement dans l’espace, sont devenus 60 000 méduses, si j’ai bien compris (c’est pourquoi le Giec en 2019 parle de “gélification“ des océans, vu que leurs prédateurs ont trop diminué…).
Mais restons dans l’espace. Le but était d’y étudier l’effet du manque de gravité sur le développement des méduses et de voir comment elles se comporteraient une fois la gravité terrestre retrouvée. (Elles ont des récepteurs équivalents à ceux de l’oreille interne chez les humains, et s’orientent en tenant compte de la gravité, perçoivent haut, bas, etc.).
Alors voilà : elles se développent et se déplacent normalement dans l’espace, et peuvent se reproduire. Par contre, de retour sur Terre, problème moteur vertigineux : elles ont du mal à s’orienter, ont des pulsations et mouvements irréguliers, et ne s’adaptent pas à la gravité. & meurent.
Gravité de la situation : Les capteurs de gravité se développent en fonction du niveau de cette gravité, et les méduses qui ont grandi dans l’espace ne disposent pas de statocystes adaptés à la gravité terrestre.
& donc, si des humains naissent dans l’espace ? Est-ce qu’ils développeront un système normal de détection et adaptation de/à la gravité ? De retour sur Terre, il est probable qu’ils aient du mal à se déplacer… & alors, la colonisation ? Un aller sans retour ? Est-ce qu’il va y avoir un embryon humain cobaye secret de laboratoire ?

En attendant, il y a aussi des galaxies méduses.
Qui ont cette jolie appellation à cause des trainées lumineuses (longues d’une dizaine à plusieurs centaines d’années-lumière) qu’elles répandent derrière elles, qui peuvent suggérer des tentacules de méduse. Et comme pour les méduses, un amas d’étoiles nouvelles-nées se forment dans ces tentacules.
Comme, par exemple, la galaxie méduse JW39, située dans la constellation de Coma Berenices (la Chevelure de Bérénice) à 900 millions d’années-lumière. Commentaire technique de la Nasa : « Alors que JW39 se déplaçait à travers l’amas, la pression du milieu intra-amas a diffusé le gaz et la poussière en de longs rubans traînants de formation d’étoiles qui s’éloignent maintenant du disque de la galaxie. »
Comme JO204, à 600 millions d’années-lumière de la Terre, dans la constellation du Sextant, observée par le télescope Hubble. Comme JO206, photographiée cet été à 700 millions d’années-lumière de la Terre, avec une traînée de gaz de 300 000 années-lumière, trois fois le diamètre de notre galaxie…
Des méduses qui nous piquent les yeux et nous désorientent !

IMAGE : NASA, ESA, CXC — Galaxy ESO 137-001 : Visible and X-ray (Hubble, Chandra)

This composite view of ESO 137-001 includes visible light from Hubble and X-ray light from the Chandra X-ray Observatory (in blue). It reveals a tail of hot gas that has been stripped from the galaxy.

8 décembre 2023
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