ok, nous y sommes


En juillet 2009, Jean-Pierre Baro, metteur en scène d’Extime Compagnie, m’a commandé un texte de théâtre. J’étais alors très frappée par la lutte désespérée d’ouvriers dans diverses régions de France et par la découverte de l’œuvre de Simone Weil (philosophe, militante et mystique). Chez cette femme dont la parole (son engagement militant) et le silence (son œuvre) se rejoignent absolument, et qui me semblait si contemporaine, je trouvais cette force de se demander comment le courage de penser lucidement peut s’accommoder de l’impossibilité d’agir, et d’y répondre, individuellement par des actions. C’est à partir de sa voie singulière et solitaire que j’ai commencé à réfléchir à l’écriture de Ok, nous y sommes, m’appuyant sur son ouvrage La Condition ouvrière.
 Si au départ de l’écriture mon intention n’était pas politique (je souhaitais m’emparer de cette question d’un point de vue intime et poétique), il m’a paru intéressant de traiter de la condition ouvrière au théâtre, précisément parce que c’est l’un des derniers refuges de la parole, parce que les ouvriers ne l’ont pas. 
Avec la désindustrialisation et la déconcentration industrielle, l’existence même du monde ouvrier est mise en doute. Et toujours d’un point de vue poétique, c’est-à-dire sensible et personnel, j’ai travaillé à partir de l’idée de sa disparition, mettant en parallèle une catastrophe naturelle (une tempête dans une forêt de pins), la perte du travail (une usine à la fin d’une longue grève) et la perte de l’amour. L’amour est devenu le thème central de la pièce. Objet dont on ne peut maîtriser la circulation, il constitue une échappatoire au désespoir. J’ai travaillé à un monde où le système de médiation est brisé, jusque dans l’intime des êtres, suscitant des actions violentes et radicales. L’attention tenace de Simone Weil à ce qu’on ne réduise pas la vie humaine à une force matérielle brute, et sa vision obsessionnelle de la joie au travail m’apparaissent cinglantes aujourd’hui, et m’ont inspirée Ok, nous y sommes, poème d’un monde finissant.
L’attention que le studio-théâtre de Vitry a porté au texte, ainsi que son soutien pour sa production, rend possible sa création, nous la présenterons et vous y invitons les 13, 14, 15, 16 mai prochain.

vendredi 13 mai à 20h30, 
samedi 14 mai à 20h30, 
dimanche 15 mai à 16h, 
lundi 16 mai à 20h30 au Studio-Théâtre de Vitry, 18, avenue de l’insurrection 94400 Vitry-sur-Seine Tél. 01 46 81 75 50
mise en scène Jean-Pierre Baro
scénographie, costumes Magali Murbach

lumière Bruno Brinas

son Loïc Le Roux 

collaboration artistique Adeline Olivier
avec 
Simon Bellouard,
Roxane Cleyet-Merle,
Cécile Coustillac, 

Tonin Palazzotto

19 avril 2011
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