Performance Du zéro à l’infini

Moment d’émotion pour cette première lecture publique de l’automne, intitulée DU ZÉRO À L’INFINI. Nous avons, avec l’accordéoniste Pierre CUSSAC, partagé avec le public le texte LIGNE ZÉRO, ma dernière suite de poèmes, publiée sous la forme d’un livre d’artiste réalisé avec la plasticienne Ghislaine ESCANDE.

Le public était disposé en demi-cercle en face de notre petite scène. À l’aide de bougies clignotantes, trouvées par Saïd ABIDI, qui nous a fidèlement assistés et conseillés pour la préparation de ce spectacle, nous avons créé un espace scénique constitué du symbole représentant l’infini en mathématiques (un 8 renversé). Pierre était dans l’une des boucles, moi dans l’autre ; le point de croisement entre les deux boucles nous servait de zone de passage, de communication, d’échange.

Pierre en noir, moi en blanc. Mais, comme les germes du changement dans un mouvement perpétuel : du côté de Pierre, les touches blanches de l’accordéon ; de mon côté, quelques zones de noir (chevalets, lettres éparses sur le sol...).

Plusieurs accessoires nous accompagnaient, même s’ils n’avaient rien d’accessoire : des compagnons de scène, plutôt, que nous avons cherché à mettre en valeur. Je garde en tête la phrase essentielle de Genjirô Okura : "Tu ne dois jamais utiliser des accessoires mais plutôt essayer de construire une relation avec eux". J’ajoute que toute relation suppose une certaine délicatesse, de la patience, de l’écoute. Nous avons tâché d’y veiller.

Nous avons fait le choix d’une approche multimédia. À Pierre, le soin de rythmer mes lectures avec son instrument. En laissant ma parole nue. En habitant mes moments de silence. En accompagnant cette parole, avec une attention exceptionnelle aux volumes sonores ayant permis de rendre l’accordéon et le texte audibles simultanément, sans jamais que l’un couvre l’autre.

Quelques moments de lectures partagées, également, où Pierre et moi lisions le même texte de nos deux voix superposées, variant la parole haute et le chuchotement.

Pour l’ouverture du spectacle, pour sa clôture et pour une respiration à mi-chemin : trois images sur un grand écran situé dans la salle. Nous y avons fait projeter des planches de notre travail avec Ghislaine, aquarelles où se logeaient certains de mes vers. Images fixes mais dynamisées dans leur immobilité par des fondus et par la venue de panaches de fumée lors de leur apparition et de leur disparition progressives. Beau travail technique de la part de Saïd ABIDI et de Margaux BRIROT qui ont préparé ces projections, moments essentiels du spectacle, avec un grand soin.

Le public a noté l’atmosphère hypnotique de la performance. De notre côté, nous avons, pendant 75 minutes, pu accueillir les énergies que ce public nous a données et pratiquer une sorte d’échange circulaire.

Yekta

19 octobre 2021
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