Maryse Renard / Amoureuses proses brèves |
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après Hervé Chesnais et Benoît Lecoq, remue.net continue la présentation de proses brèves, d'abord comme forme esthétique autonome, aussi pour interroger l'instant même de lecture et sa densité, quand le texte correspond à la page écran. Amoureuses (titre provisoire) est une lecture-appropriation, de poèmes de Marceline Desbordes-Valmore(1786-1859), rassemblés sous le titre: Poésies de 1830, dans l'édition complète des uvres poétiques, établie et commentée par M.Bertrand aux Presses Universitaire de Grenoble, 1973. Maryse Renard a publié au Cadratin à Vevey, (Jean-Renaud Dagon, typographe imprimeur, éditeur) Eclats de Patience. Poèmes et proses courtes, dans les plis du mot patience. Cir(q)culades, poèmes et comptines écrits sur des dessins de Marieke Kern v.Wijk et Espaces d'instants, nouvelles. Plusieurs de ces nouvelles ont également paru dans la revue suisse-romande Ecriture. |
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A peine. Se rêve du rien vers
du divin ombrage de peu qui tremble languit végète arbrisseau
si on peut dire je dune autre sorte. Laurore pose un or triste
sur un décor faut-il mourir sans connaître avoir connu traces
sans avoir vu voir fuir un souvenir à venir. Pressentiment. Sous
une paupière sans larmes les racines dun éternel rayon
de nuit qui meurt meurt semblant de bonheur glacé un long rivage
dormant. Ruisseau si on peut dire. Comme. Lumière sous-jacente
un dieu naïf couleuvre faiblement. Couleur vert doux jeune froid
pur accroche verbure qui saigne vibre faux. Douceur despoir dolente.
Femme comme arbre se couche sans flamme se brise chuchote ne chante. La
lèvre niaise à peine. LArbrisseau |
Un jour daté perdu damour à soif obscure. Qui mentent des voix faufilent lespace de mots qui cinglent le champ dété jonché. Jusquà la lisière courir dans lombre des chiens lespace miné de regards rejoindre elle nose. Sage. Rien que mettre la haine en costume de pavot pétale paupière corrode le regard de la gardienne aux yeux clos sans oser tordre essorer les mots jusquà la semence. Rage. A crocs dabsence déchirure stridence mettre en pièces lespace distance dévoration de caresses insultes mensonges ne sont pas un chemin sur le vide du toucher retenu. Lèpre des lèvres rongées de mots polis poison de nêtre rien que dits malédiction sur tous les tons du semblant. Elle dit gémir elle dit sexcuse elle dit moisson. La journée perdue |
Bruit. Entrelacs détoiles de ramages dans lessor de la nuit pendeloques aux ramures des oiseaux aux tiges entrelacés cessent de frémir. Disparurent. La mère prétexte encore pauvre miroir moussu dans les épines la main ségare cherche des lueurs soutenues qui dardent profond. Ombre le sein de lombre bouche pourpre où palpite un concert de papillons en couronne de songes. Sentend la mélodie couler qui coule frayeur qui voltige poudre de rien tremblement qui respire dépit zéphyrs et bocages roses et ramages bruit de roses teintes couleur soupir. On eût dit la peur danser en couleur de pudeur perdue au fond dun verger. Ouverte offerte appelle. Rouge frayeur rêve embaumé sur les lèvres fausses paupières pamées. Regard béant il passe sous le rêve. Les roses |
Les mots par feinte tandis quune main fouille saccrochent aux hirondelles ciel toit bas dispersent une grisaille de sens très vague lorage cest trop prétexte dagitation sous la robe genoux la main le sein ventre contre ventre lorage dedans que de dépouilles palabres en vrac. Faut la foudre pour décharner des mots combler conjure ne crains plus gémir polir. Faut une girouette pour arrêter la cardinale du père de lamant de la honte de lorigine saveur et volupté. Combler de foudre. Mais. Le mystère dun regard non vu fait croire à une menace. Vraie qui désarme la glose dans la gorge qui papote de simagrées trésors de rien poudre dalarmes gloseuses sur un refus. Faute de girouette cest mieux plus daquilon dans le vallon faute de faute la menace passe. Lasse. Lorage |
Des mots quêtent du réel vers des visages prétextes à politesse plainte les mains jointes ne se voient. Lair où il respire le même espace dehors dedans exhale reprend lespace en soi lépuise cherche labri dune voix un rendez-vous despaces une trappe à absence. Elle dit une voix qui fait rêver un rendez-vous despaces réconciliés gris un peu pour le regret une touche de gris. Bleuté. La voix sans bord ni borne donne lélan vers le rien que transparence sonore. Quand tout résonne je veux qui ne ségare où les phrases bifurquent vers amour faux bouts despaces disjoints absence présence en tranches épaisses. Trace de lumière sa voix attardée sur les visages rencontrés trajet délan gagne sur lopaque sans résonance. Quand la rencontre la lumière est vive. Labsence |
Comme. Comme le reflet que ternit le reflet dune ombre. Image rien quimage sur image. Couronne pour une minauderie machinale fleurs qui glinguent la grenaille des mots qui mentent. Charme. Les branches les roses fougères et lin bleu bribes autour du peu de soi agité de faire semblants de liberté dabandon raide du bon droit de la constance au plus durant. Fidélité. Simulacres qui ricochent en jalousie muette à la surface de la glace ternie. Deux ombres au fond du miroir ont devant elle passé son reflet humilié solitaire sest effacé avec tous les masques sans espérance depuis des lustres devant labîme des miroirs sans oser la chute. Le miroir |
Là. Dans léclat dun puits dapprêts sonores à soi-même arrachée elle va vers...Ne peut se dire le dit et aussi espérance absence souffrance et encore astre image douce idole et tendre. Et cest pareil. Elle dit écrire cest disparaître renoncer. Labsence nest pas du temps compté mais de lespace dissout pas facile de rester les yeux ouverts au point du vertige verticale dans la musique ou contre une voix cest pareil et vouloir voir ce que ses yeux cachent. Carcan dans un fauteuil labsence autour la musique recule contre les murs sans faire de brèche dans lordre de lespace bien au contraire tout un essaim darpèges panique en ut il y a du quadrillage de silence saccage dattente et pour finir ratage de solitude cest lenfer. Fuir. Laisser ceux qui tombent en eux-mêmes pendant les notes en pluie la pluie mais le ferraillement de joie suante qui gambade sous les guirlandes... Son image cent fois part en nuit un souffle qui ne se rapproche pas harmonique du silence et de mort simple. Là. Le concert |
Elle tient lenveloppe close que la main tenait vibre un passé
au présent dillusion la voix dans londe lombre
des mots écrits sa présence suspendue demeure sous le sceau
une vérité douce. Décalée. Lettre ouverte
les mots chimère gorgone sur corps de douceur ancienne fascinent
chape de mort vive le néant de soi resurgi au temps du lire sans
recours la certitude. Lettres |
Prétendre croire vouloir aimer haïr. Prétendre vouloir voir brûler languir. Avide aveugle choisir calculer dêtre choisie séduire sans passion longue douleur qui mord. Des impératifs légers accrocs déloquence mièvre avivent lettres et mots laqués dhabitude morne fleurissent dartifices une abhorrable appétence au pardon piège à deux gueules qui rongent les curs engourdis les deux visages du mensonge. Funeste penchant personne ne songe à sourire. Mais reste un regard par magie frémissement dinnocence un feu errant à suivre en silence parmi les reflets indécis aucun mot ne fait signe. A lAmour |