Albane Gellé, L’air libre (extrait)

Albane Gellé, bio express

Albane GELLÉ est née en 1971 àGuérande,
elle est maman d’une petite fille depuis janvier 2000.

Après une enfance passée àNantes, La Rochelle, elle s’inscrit àl’université de lettres modernes de Nantes où elle réalise en 1999 un mémoire de maîtrise sur la poésie d’Antoine Emaz, auteur qui compte énormément pour elle.

Elle a commencé àécrire très jeune, et l’écriture "a fait suite pour (elle) àune blessure du langage".

A 19 ans, elle rencontre Louis Dubost, directeur des Éditions du Dé bleu, qui lui conseille de se rapprocher de la Maison de la poésie de Nantes. Elle y sera bénévole pendant quelques temps, et participe àl’organisation du Marché de la poésie de Nantes de 1991 à1994.

En 1994, elle quitte la ville pour la campagne, et s’installe dans la région nantaise, àOudon. Elle commence durant cette période àanimer des ateliers d’écriture.

En 2001, elle décide de prendre le temps d’écrire.

A travers l’écriture, elle cherche à : "Dire au plus juste les émotions. Avec l’exigence de tenir l’équilibre entre l’intime et l’universel."

Elle choisit l’écriture poétique car, pour elle, "la poésie parle de choses qui concernent tout le monde et avec les mots du quotidien. Peut-être qu’aujourd’hui, on se rend compte qu’il est important d’aller àl’essentiel que l’on porte en soi, pour ne pas se perdre dans un monde qui va trop vite."

Albane Gellé, biblio
À partir d’un doute - Éditions Voie Publique, 1993
Hors du Bocal - Éditions Le Chat qui Tousse, 1997
En toutes circonstances - Éditions Le dé bleu, 2001
De père en fille - Éditions Le Chat qui Tousse, 2001
L’air Libre - Éditions Le dé bleu, 2002
Un bruit de verre en elle - Éditions Inventaire / Invention, 2002
Aucun silence bien sà»r - Éditions Le dé bleu, 2002
Quelques - Éditions Inventaire / Invention, 2004


je réside j’habite quelque part pour écrire quelque part qui n’est pas chez moi qui le devient quand même un peu je suis attentive àce quelque part pourquoi pour écrire je suis entre deux avec mon sac mon téléphone pas ma fille hirondelle qui a deux ans alors je parle du jour qui sépare pas celui des retrouvailles parce que je suis d’avance dans quelque chose qui sépare entre chez moi et pas chez moi l’autre chez moi entre deux non plutôt dans les deux àla fois je passe àtravers les murs je pose mon sac je prends des repères je les mets dans mon sac quelque chose de moi bouge pas seulement le sac quel est le lieu finalement le lieu où vivre est-ce que je reviens sur mes pas est-ce que je fais demi-tour parce que quelque chose est là-bas d’où je viens les lieux bougent devant derrière les yeux je les accompagne pour aller où comprenez-vous maintenant les histoires d’arrachement et de rétroviseur quelle importance je cherche àêtre làquand je suis làoui faut pas bouger zut je bouge écrire c’est pas rien c’est pas àcette heure-làdans la chambre c’est pas tout ce qu’on avait prévu organisé les meilleures conditions possibles non ça remue qu’est-ce que ça veut dire habiter làpas ailleurs pour écrire et si ça s’épuisait et si je m’en allais demandais qu’on me détache et puis n’est-ce pas trop tôt ce présent pas encore reposé il bouge comment l’écrire et si je n’écris pas et si j’écris ailleurs et si je parle d’autre chose et si je ne réponds pas aux questions il se passera quoi dites-moi

Aucun silence bien sà»r

écrire écrire comme s’il ne restait plus

rien d’autre et pourtant on n’est pas dupe

L’air libre

les gens importants ils sont tout près

autour de nous forcément

L’air libre

entre le dedans et le dehors

difficile de se maintenir au milieu

crédible et authentique (les deux)

26 janvier 2002
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