6E. Je suis déjà rempli de bruit. Nicole Caligaris
Je suis déjà rempli de bruit, déjà autre au bonnet en étoile. Les balles montent entre les mains des hommes qui s’ouvrent et qui se ferment, le vide appelle, c’est le lâcher des bourdons.
Que la plaine n’accroche rien de mon départ, qu’elle ne sache pas me saisir, qu’elle me laisse, que le voyage ne sache rien, que plus une parole n’arrive, que les espaces vibrent.
Victoire, salut aux avenirs, idée de la face des choses.
Je renonce au jeu pour dessiner au soleil son arène, je renonce au début, à la promesse des premières fois qui transpercent le bleu miracle entre mer et ciel.
L’animal est sur mon cou, amené au galop, je suis son rire.
Et c’est le son qui va partir du silence avant qu’aucune oreille ne soit là pour entendre, le lâcher des bourdons.
Dans l’ouverture que j’ai produite en avançant, notre différence. Je vois se lever les enfants, je veux l’amplitude des toiles, que la plaine n’accroche rien, je suis une effusion.
Au sein de leur gorge alliée aux sables, aux blancheurs millénaires, que se produise le moment d’entrer dans cette enveloppe où redeviennent possibles toutes les combinaisons. J’attends le lait, l’astre.
Je pose, immobile, ancré, visible depuis deux horizons.
Victoire à notre sable commun, salut aux avenirs, idée de la face favorable des choses.
Je renonce au jeu pour dessiner au soleil son arène, je renonce au début, à la promesse des premières fois, au frisson, aux voiles, je choisis la ligne qui doit détourner de ma tête la punition du soleil.
L’animal est sur mon cou, je suis son rire et j’ai rejoint l’espace, je serai beau, argenté, doré, odorant, livré à ton désert, mon départ résolu, aimé par toi.