À Francfort sur le Main, hommage à Peter Kurzeck
L’écrivain allemand Peter Kurzeck a disparu le 25 novembre 2013.
Cécile Wajsbrot lui rend hommage.
« D’abord un hiver de pluie et puis un hiver de neige », ainsi commence le livre de Peter Kurzeck, Übers Eis, premier d’un cycle de douze romans qui porte le titre Das alte Jahrhundert. Übers Eis, sur la glace, Das alte Jahrhundert, le vieux siècle. Mot à mot. Couvrant l’année 1984, avec retours en arrière, depuis l’enfance jusqu’au passé immédiat. Un livre par mois - mais ce n’est pas aussi mathématique, bien sûr. Une construction immense, une élaboration, la création d’une œuvre, plus solide de page en page.
L’hiver est en avance, cette année, il a commencé le 25 novembre. Ce soir-là, Peter Kurzeck a quitté le monde et les livres. Depuis le 25 novembre, le cycle de ses romans est définitivement inachevé, comme la Recherche, comme l’Homme sans qualités, comme tant d’œuvres de longue haleine qui durent plus longtemps que la vie. Cinq romans parus à ce jour dont le dernier, Vorabend, la veille, en 2011, qui comporte 1015 pages. Données bien matérielles et qui ne disent rien, comme dire, Peter Kurzeck est né en 1943, au pays des Sudètes, expulsé avec sa mère et sa sœur à l’âge de trois ans, réfugié dans la région de Giessen, et puis vient à Francfort à la fin des années 70, et puis habite Uzès, sans autre adresse mais revenant régulièrement à Francfort, dans sa vie, et plus encore dans ses livres. On peut continuer, il a su très tôt que ce qu’on ne retient pas dans sa mémoire n’existe pas, que les lieux disparaissent, et les gens, et les choses. Très tôt il a voulu être écrivain - pour cela. Dates, noms de lieu, nombre de pages, considérations, rien ne peut rendre compte de Peter Kurzeck. Il faut l’avoir vu, il faut l’avoir entendu, parlant comme il écrit, écrivant comme il parle. Il faut le lire, surtout. Et s’il faudra s’habituer désormais à parler de lui au passé, ses livres resteront à l’éternel présent.
L’hiver est en avance, cette année, il a commencé le 25 novembre. Ce soir-là, Peter Kurzeck a quitté le monde et les livres. Depuis le 25 novembre, le cycle de ses romans est définitivement inachevé, comme la Recherche, comme l’Homme sans qualités, comme tant d’œuvres de longue haleine qui durent plus longtemps que la vie. Cinq romans parus à ce jour dont le dernier, Vorabend, la veille, en 2011, qui comporte 1015 pages. Données bien matérielles et qui ne disent rien, comme dire, Peter Kurzeck est né en 1943, au pays des Sudètes, expulsé avec sa mère et sa sœur à l’âge de trois ans, réfugié dans la région de Giessen, et puis vient à Francfort à la fin des années 70, et puis habite Uzès, sans autre adresse mais revenant régulièrement à Francfort, dans sa vie, et plus encore dans ses livres. On peut continuer, il a su très tôt que ce qu’on ne retient pas dans sa mémoire n’existe pas, que les lieux disparaissent, et les gens, et les choses. Très tôt il a voulu être écrivain - pour cela. Dates, noms de lieu, nombre de pages, considérations, rien ne peut rendre compte de Peter Kurzeck. Il faut l’avoir vu, il faut l’avoir entendu, parlant comme il écrit, écrivant comme il parle. Il faut le lire, surtout. Et s’il faudra s’habituer désormais à parler de lui au passé, ses livres resteront à l’éternel présent.
CW
Photo : Grues dans le ciel du Brandebourg. CW ©
6 décembre 2013