À travers nos maladies – récits de voyages #2
Mardi 7 juillet 2015 à 19h00 / Espace Khiasma
Des maladies infectieuses infantiles à la grippe, des soucis de l’âme aux souffrances menstruelles, des douleurs chroniques aux rages de dents, des accidents aux maladies neuro-dégénératives… : nous avons tous connu, à un moment ou à un autre de notre vie, l’expérience de la maladie. Cet atelier d’écriture part du principe que les maladies sont des espèces de transports de soi – dont les expériences sont dignes d’être retranscrites par l’écriture, parce qu’elles permettent d’accéder à des altérations de soi qui sont peut-être autant de trésors, en tous cas de paysages énigmatiques, fragiles et éphémères, qui se perdent souvent une fois qu’on s’est rétabli.
Cet atelier d’écriture propose à ses participants de collaborer à l’une des missions de Dingdingdong qui a pour tâche d’explorer la maladie de Huntington comme s’il s’agissait d’un monde en partie inconnu. En mélangeant les publics (Huntington et non-Huntington) pour raconter les états malades de chacun comme autant de voyages, cet atelier fait le pari qu’il est possible d’apprendre des expériences de maladies de chacun, à partir du moment où l’on parvient à bien les raconter.
Xavier de Maistre, Voyage autour de ma chambre.
Exercices du 7 juillet 2015.
Poursuivre l’exploration de nos maladies-planètes (guide de voyage)…
Durée des exercices d’écriture : entre 10 et 25 min. Lecture des textes et discussion : entre 30 et 45 min. Pas de critique sans proposition…
Exercice I :
Mardi dernier, à notre ami extra-terrestre qui nous demandait de nos nouvelles, nous lui avons répondu pour lui raconter notre maladie et certains de ses étranges états, en adaptant notre manière de décrire les choses pour bien nous faire comprendre de ce correspondant qui ne connaît dans son monde ni la maladie, ni la médecine, ni la souffrance.
Toujours dans le cadre de cette correspondance avec votre ami martien, lui décrire cette fois un épisode/état relatif à votre maladie en s’inscrivant dans le registre lexical de la météorologie.
En termes d’atmosphères, de pressions, températures, vents, précipitations, pluie, tempêtes, orages, ouragan… comme si vous étiez vous-mêmes une planète, autrement dit, un écosystème…
Consignes :
– ne pas utiliser le vocabulaire médical, ni psy…
– partir de vos propres sensations et pas d’une maladie abstraite que vous imaginez
– décrire en termes d’expérience pure, sinon le martien ne pourra rien y comprendre.
Points d’attention :
– les détails matériels, ce que Barthes appelle les tangibilia…
– ce qui nous console, soulage, soutient : c’est toujours intéressant de voir ce qu’on convoque lorsqu’on est malade pour se soulager, car il s’agit essentiellement de contre-forces vis-à-vis de la puissance abritée par la maladie – les opérateurs de réconfort nous renseignent donc sur ces puissances mystérieuses de la maladie.
Exercice II : la réponse de l’extra-terrestre
À présent, nous imaginons et écrivons la réponse qu’il fait à nos lettres précédentes.
Dans cette réponse, notre ami fait preuve d’une grande empathie à notre égard, mais il ne cache pas qu’il est un peu perdu… Sa réponse commence en effet ainsi : « Je n’ai pas bien compris si ce qui t’arrive te transporte dans une planète différente que la planète Terre ou s’il s’agit de quelque chose qui s’invite à l’intérieur de toi ? »
Vaillant et soucieux de nous, il passe sa lettre ensuite à tâcher de reformuler ce que nous lui avons expliqué que ce soit mardi dernier ou ce soir, avec ses propres images, mots, métaphores, souvenirs, expériences, conseils…
NB : avec cet exercice, comme souvent avec l’écriture littéraire, ce qui est intéressant c’est de cultiver le trouble, l’ambiguïté, en restant sur la crête de l’indétermination : ne pas trancher la question de savoir si la maladie est une planète qu’on accueille, ou qui nous accueille, ou encore si on est devenu une planète, ou encore si on abrite un être provenant de l’extérieur et qui a bien des exigences, etc. Vous pouvez donc prendre les choses comme vous le sentez du moment que vous jouez avec ce trouble (sans chercher à l’évacuer).