À travers nos maladies – récits de voyages #3
Mardi 8 septembre 2015 à 19h00 / Espace Khiasma
Des maladies infectieuses infantiles à la grippe, des soucis de l’âme aux souffrances menstruelles, des douleurs chroniques aux rages de dents, des accidents aux maladies neuro-dégénératives… : nous avons tous connu, à un moment ou à un autre de notre vie, l’expérience de la maladie. Cet atelier d’écriture part du principe que les maladies sont des espèces de transports de soi – dont les expériences sont dignes d’être retranscrites par l’écriture, parce qu’elles permettent d’accéder à des altérations de soi qui sont peut-être autant de trésors, en tous cas de paysages énigmatiques, fragiles et éphémères, qui se perdent souvent une fois qu’on s’est rétabli.
Cet atelier d’écriture propose à ses participants de collaborer à l’une des missions de Dingdingdong qui a pour tâche d’explorer la maladie de Huntington comme s’il s’agissait d’un monde en partie inconnu. En mélangeant les publics (Huntington et non-Huntington) pour raconter les états malades de chacun comme autant de voyages, cet atelier fait le pari qu’il est possible d’apprendre des expériences de maladies de chacun, à partir du moment où l’on parvient à bien les raconter.
Xavier de Maistre, Voyage autour de ma chambre.
Ce qu’on a appris lors des deux séances précédentes…
On a appris à prendre de la distance phénoménologique — ou, en tous cas, de décoller de ses manières habituelles de les envisager et de les ressentir. C’était difficile, mais on a tenté de considérer ces états par l’intermédiaire d’un extra-terrestre qui ne sait pas ce que la santé veut dire. Encore moins la maladie, la douleur, les médecins.
Ce que ça a donné en termes de thèmes transversaux :
– La porosité (entre intérieur/extérieur)
– La solitude (je suis le/la seule à vivre une telle chose), mais aussi l’inverse de la solitude : le contact avec quelque chose : et puis le fait d’abriter une multitude
– L’étrangeté peut-être moins vis-à-vis du mal, de l’agent pathogène, que vis-à-vis de son propre corps, et même de toute sa personne…
– L’indicibilité
– Le voyage immobile (ce paradoxe du mouvement dans l’immobilité) ; et une espèce de sens de l’ubiquité
– Saturation et vide
I. Exercice n°1 (25 minutes)
Nous ne sommes plus dans la correspondance, mais dans un autre genre : les notes de voyage (souvenirs, carnets de bord, journal…). À la Stendhal, à la Bouvier, à la Guide du routard, comme on voudra ! Vers le manuel touristique, qui est en fait un manuel existentiel.
La dernière fois on a abordé nos états maladifs par leurs caractéristiques météorologiques, cette fois on va décrire des paysages que l’on traverse du fait de ces états, dans lesquels on est transporté bon gré mal gré.
Nous sommes les arpenteurs de ce territoire.
Ne pas faire de distinction entre le sentiment géographique et le sentiment tout court. Envisager comme un paysage le corps, tout autant que les états mentaux, émotionnels, psychiques. L’errance, l’ennui et la découverte. La frayeur et la beauté. La douleur et le plaisir. Le moi altéré et ce paysage peuvent être une seule et même chose, ou bien deux choses différentes : le moi normal traversant ce paysage altéré… Car cette distinction, ou, justement, non-distinction, dépend du trouble en question. L’essentiel c’est d’être comme des naturalistes de vos propres expériences, des botanistes, des voyageurs, des explorateurs, des fugueurs (comme vous préférez) : des peintres, en tous cas (servez-vous de vos yeux pour cet exercice, mais aussi de tous vos autres sens).
Étymologiquement, « paysage » est un terme de peinture désignant la représentation d’un site généralement champêtre, puis le tableau lui-même… avant d’avoir désigné ce que peut embrasser notre regard !
Exercice II : baptême et définition (20 min)
Rebaptiser votre maladie d’un nouveau nom, accompagné de sa nouvelle définition, toute personnelle.
Ceci pour initier un petit dictionnaire, qui sait ?