À travers nos maladies – récits de voyages #4

Mardi 13 octobre 2015 à 19h00 / Espace Khiasma


Image : A. Compain-Tissier (2014).


Des maladies infectieuses infantiles à la grippe, des soucis de l’âme aux souffrances menstruelles, des douleurs chroniques aux rages de dents, des accidents aux maladies neuro-dégénératives… : nous avons tous connu, à un moment ou à un autre de notre vie, l’expérience de la maladie. Cet atelier d’écriture part du principe que les maladies sont des espèces de transports de soi – dont les expériences sont dignes d’être retranscrites par l’écriture, parce qu’elles permettent d’accéder à des altérations de soi qui sont peut-être autant de trésors, en tous cas de paysages énigmatiques, fragiles et éphémères, qui se perdent souvent une fois qu’on s’est rétabli.
Cet atelier d’écriture propose à ses participants de collaborer à l’une des missions de Dingdingdong qui a pour tâche d’explorer la maladie de Huntington comme s’il s’agissait d’un monde en partie inconnu. En mélangeant les publics (Huntington et non-Huntington) pour raconter les états malades de chacun comme autant de voyages, cet atelier fait le pari qu’il est possible d’apprendre des expériences de maladies de chacun, à partir du moment où l’on parvient à bien les raconter.

CONSIGNES ATELIER #4 :

Que tous les malheureux, les malades et les ennuyés de l’univers me suivent !
Xavier de Maistre, Voyage autour de ma chambre.

Dans la foulée de la discussion publique qui a eu lieu le 29 septembre dernier entre Didier Debaise, Bruno Latour et moi à Khiasma/Relectures, nous quittons le registre de l’imaginaire que nous avons travaillé lors des trois premières séances pour amorcer un travail qui fertilise notre imagination. Cela nous contraint à enquêter à travers le réel de nos expériences avant de pouvoir, éventuellement, plus tard, décoller en fiction. L’exercice du jour consiste à recueillir de quoi nourrir cette fiction.

Exercice
Nous sommes des enquêteurs. Des créatologues, c’est-à-dire des écologues des créatures que sont nos maladies et autres désordres apparentés. Nous recherchons à établir les modes d’existence spécifiques de ces troubles, appréhendés telles des créatures qui se sont installées en nous.
Pour y parvenir, nous nous mettons par groupes de deux ou trois, et chacun interviewe l’autre pendant 20 min.
Cet entretien, libre, a pour objectif d’établir les conditions d’existence de la créature de l’autre, par l’intermédiaire d’informations factuelles ou hypothétiques telles que :
– quand est-elle apparue, où et comment ?
– quelles sont ses manifestations, son rythme, sa temporalité, est-ce qu’elle est arrivée une seule fois ou plusieurs fois ?
– quels sont les effets de son existence sur toi, sur ceux qui t’entourent ?
– quels personnages s’y intéressent autour de toi, parents, amis, professionnels (médecins, thérapeutes, etc.), et qu’en disent-ils ?
– quels éléments de ton environnement entretiennent des relations particulières avec elles : animaux, nourriture, nature…
– quelles sont ses intentions, qu’est-ce qu’elle vient faire là (hypothèses plus que certitudes…)
– est-ce possible d’interagir avec elle, si oui comment, et si non, pourquoi.
– qu’est-ce qui l’excite, l’anime, la réveille et au contraire l’apaise, la calme (molécules, pensées, paroles, gestes, comportement, lieux…)
– etc.

Ne pas hésiter à réfléchir, pendant cet exercice, aux autres questions intéressantes qui pourraient être posées afin de documenter la vie de la créature.

Pendant l’interview, l’intervieweur prend des notes. Puis, au bout de 20 ou 25 min, les rôles s’inversent : l’intervieweur devient l’interviewé pendant 20/25 autres minutes.

Une fois les entretiens terminés, chacun écrit un récit sur la créature de l’autre en partant de ses notes. Ce peut être un récit littéraire ou factuel (comme un compte rendu d’anthropologue). Temps d’écriture : 25 min.

27 octobre 2015
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