C’est quoi, un développement ?


Qui visite la Galerie de l’Évolution tombe d’abord sur un formidable squelette de baleine suspendu élégamment dans les airs, comme si la scène se passait dans l’eau, porteuse et ralentie. La baleine se présente de côté, de telle sorte que sa nageoire saute au visage, avec sa forme de main à cinq doigts bien distincts, qui éveille un sentiment de solidarité plus fort encore que l’appartenance partagée, un peu abstraite, au groupe des mammifères. On se dit voilà une main qui ne demande qu’à devenir, dans l’Évolution, la nôtre, avec ses outils et ses caresses. Et dans l’émotion, on se place mine de rien à l’horizon perfectionné des baleines, fragiles, charmantes, chanteuses énormes et subtiles, mais encore un peu rustiques.
En fait, il n’en est rien : ce qu’on prend pour des mains en devenir sont, comme l’appendice du corps humain, des structures vestigiales, des restes d’un lointain passé : des moignons de membres supérieurs qu’utilisaient les ancêtres des baleines lorsqu’ils se déplaçaient… sur terre.

17 février 2011
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