Chaque histoire qui sortait de la bouche…

L’entêtement et la passion de Gus à répéter ces histoires avaient depuis longtemps conduit le marionnettiste à comprendre que c’étaient elles qui donnaient une cohérence à la vision du monde de Gus et qu’elles seules lui apportaient, sous forme de récits, les explications dont son être spirituel avait besoin pour affronter, jour après jour, son travail à la pompe. Chaque histoire qui sortait de la bouche édentée de Gus rassurait Sabbath. Il y trouvait la confirmation que même un type aussi simple que Gus n’était pas débarrassé de ce besoin qui oblige l’homme à trouver un fil conducteur qui puisse lui permettre de relier entre elles toutes les choses qu’on ne voit jamais à la télé.

Philip Roth, Le Théâtre de Sabbath, traduit de l’anglais par Lazare Bitoun, 1997.

30 décembre 2007
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