Clara Regy | Le « pourquoi » du banc !
Cette image, je l’ai prise début janvier 2014. Passant devant ce petit parc, j’ai vu ce banc déserté. Puis, après quelques pas, j’ai fait demi-tour, j’ai attendu quelques instants. Et j’ai pris cette image. Un peu inquiet, un peu terrifié. Et plus tard, un peu amusé me rendant compte que l’image (celle vue, celle prise) était une surface de projection. Ce qui avait vacillé en moi était l’idée de la disparition. Parce que j’ai toujours été très ébranlé et inquiété par les chaussures laissées dans la rue, souvent au bord d’un trottoir, par les vêtements étalés dans l’absence des corps sur d’autres trottoirs ou routes des villes. Mais l’on pourrait sans doute envisager d’autres interprétations, d’autres chemins d’imagination...
J’ai donc soumis la photographie autour de moi à différents auteurs avec comme proposition la saisie libre de cette image. Voici donc une variation d’écriture et de lecture.
« Le gâteau d’anniversaire », je ne sais plus lequel, un instant silencieux : seules les bouches en mouvement. Comme si les mots s’étouffaient sur le sucre, le beurre, le chocolat !
Cependant, l’homme mangeait juste – en face- de moi. Cherchait derrière les miettes. A peine son regard de l’assiette vers sa bouche, à peine.
L’oncle se régalait, attentif, soucieux de ne pas faire de bruit.
Mais le chat ronronnait sur des genoux amis, je ne sais plus lesquels.
Le vin sucré et doux se mêlait aux délices.
Un bouquet de jonquilles un peu lasses, sur le buffet, tendait aussi l’oreille vers le « rien » du repas.
Le café fut versé dans des tasses joyeuses, j’en repris plusieurs fois.
Puis l’homme essuya sa bouche et par elle annonça tout et tout ce qu’il savait de moi !
Le chat et les jonquilles se bouchèrent les oreilles.
L’homme enfin s’arrêta.
Je pris mon verre, et découvris combien le vin sait voler en éclat.
L’homme se leva d’un bond, l’oncle -gourmand- le saisit aux épaules, la bouche encore pleine de chocolat.
Il y eut des pleurs, des cris, le chat se sauva.
Comme moi !
Et m’en revins au square, me dépouillai alors de mes cadeaux trop chers,
pourtant le pull bleu allait bien à mon corps,
mais le sac blanc était trop fé-mi-nin
et les chaussures trop hautes pour fuir loin...
très loin !
Clara Regy
On retrouve l’ensemble des contributions ici.