Claude Favre | Absences
angle mort_un coin du monde_au revoir à la prochaine
août _de l’absence le mois des morts le mois des horreurs il aurait
fallu
archéologie_et les pratiques de déterrement_les excavés relevés
déposés
bandelettes_têtes maories momifiées éparpillées dans le monde
entier (de quoi)_de retour vers les terres de Nouvelle-Zélande
blanc _et Mallarmé et Picasso_j’insiste_être ensemble
chiffons_les Nazis obligèrent à dire des morts qu’ils étaient poupées,
chiffons, marionnettes, par des vivants
cri_du danseur de flamenco_et des textes de Marguerite Duras s’en
échappent tandis que ceux des peintures de Soutine butent _butent
sur le silence
damnatio memoriae_est-ce l’idée du paradoxe (la voix est un geste
du corps)
discrétion_dans une voix ses inflexions dans un regard l’ébauche
d’un sourire_ta voix
eaux souterraines_histoires de passages on ne rigole pas_et les
sources qui font la Trévise
effritement_les pluies sont nomades les pâturages sont nomades
exponctuation_désigner pour effacer, ça se porte à la bouche, on
dirait du Emily Dickinson
Fayoum_les rats et la pensée_et la question de la linéarité
guerre_roses rongeuses de la guerre écrit Pasolini
herbe_signe sourd le nez dessus_à Büchenwald et ailleurs
hideuse nature_quand bien même
intérieur extérieur_Manet et le grain de sable_à quoi_rêve -t’on
indiens du Haut Xingu_de langue tupi caribe gê arawak_soufflant
de la fumée de tabac sur les troncs d’arbres donnent vie à l’homme
(un certain)
je_masculin et féminin sont identiques au singulier
!kho_qui ressemble à de la fumée_bouge les lignes_tous lièvres
poétiques aux aguets
légères_les mésanges et l’ombre de Tsvétaïeva_que votre ombre ne
se perde_pas (proverbe persan)_ il en faut du courage
minotaure_j’aurais dû laisser les clefs
natures mortes_et leurs variations_vies silencieuses dit-on en
hongrois et en allemand_parce que c’est toujours la même chose au
fond_et ailleurs
neuf août Nagasaki_six août Hiroshima
nu_comme le paysage que tu me
ombres_comment raconter l’histoire_et la question de la linéarité
quand les ombres portées de Masaccio_etc etc
on ne sait pas_pas plus_évanoui_avance
photographie_dans les moments de terreur se développe_ne révèle
que l’absence_aussi celles des morts détruites chez les Rroms_pas de
retour
Picasso_figure la défigure_problème pour
qu’_à te_n’y a qu’à
réalité_est une ombre du mot_Bruno Schulz l’écrit_réinvente
représentation_rend le visible_je suis le roi
six août 1945 Hiroshima_neuf août Nagasaki
sourire_liste des sourires
trompe-toi l’oeil_la forme est une scène
un_c’est comme corps c’est humain cela veut dire personne dit_quoi
pour l’autre
vingt-quatre août_pendant la Saint-Barthélémy les catholiques
allant couper les membres des protestants_qu’ils ne reviennent_ne
revienne
vingt-huit août_dansant nos anniversaires, souvenir de Mouchette
victimes_nous ne sommes pas des victimes_pas consentantes_et
Rithi Pan d’ajouter pas des victimes consentantes
whisky_à treize heures un litre à quinze ans_l’été si beau
X_ l’ombre folle la coexistence
Y_a-qu’à_le monde signifie partout
zigzag_et ils l’ont recouverte de la couverture d’un mort
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