Eric Houser | Un début un milieu une fin

ici
c’est-à-dire
entre deux états
supercritique
gazeux
liquide
sans forme propre
tu
je
me déplace
sans m’échapper

des changements
dans le contenant

la cour est
encombrée
parfois non
une voyelle serait
suffisante
faiblesse de
l’impression
de
la couleur



*



un cours d’eau
peut être rectifié
il faut s’avancer
vers tsubaki
ou camélia
entre rose et rose vif
métaphore
un début un milieu une fin
pas de calculateur
de distance


il faut être prêt
à traverser les mers
 :





Éric Houser est né en 1956 à Lyon. Sa bibliographie se construit librement, au gré d’une écriture qui se déploie dans le temps avec une étonnante liberté et fluidité, rencontrant notamment les Éditions de l’Attente, contrat maint, la collection « les Grands Soirs » dirigée par Jérôme Mauche aux Petits Matins et les éditions Nous.

Précisément l’écriture dans son déroulement temporel (un début un milieu une fin) et spatial (Paris Nantes Hala Sultan Tekke, Larnaca) confère sens et étendue au poème que nous publions aujourd’hui : récit d’une histoire d’amour dont l’ellipse même dévoilerait l’érotisme.
Dès lors, on pourrait dire de l’écriture ce que l’auteur remarque à propos des poteries de Anne Dangar, « l’âme de Moly-Sabata » où Éric Houser a été récemment reçu en résidence : Quant à l’écriture, pourquoi est-ce émouvant ? Je crois que c’est parce qu’elle accueille le vide (ou encore : l’amour), qu’elle le contient, qu’elle lui donne forme. Et que ce vide (ou l’amour que tente de ressaisir l’écriture) a un rapport avec le silence (ici : une femme).

Dans une langue économe, précise et plastique un début un milieu une fin retrouve ainsi l’axiome de la lyrique médiévale, pour lequel la théorie d’Amour est le coeur et germe unique du poème.

29 juin 2018
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