Ivan Segré Le manteau de Spinoza aux éditions La fabrique

Ivan Segré était en résidence à la librairie Envie de lire d’Ivry-sur-Seine. Remue.net, dans le cadre des résidences Ile-de-France, avait suivi les rencontres et le parcours intellectuel d’Ivan Segré autour de la question de la fraternité, occasion donc de redécouvrir sur remue les passionnantes captations d’une pensée à l’oeuvre.

A la suite de cette résidence, Ivan Segré a rédigé Le manteau de Spinoza qu’il publie aux éditions de La fabrique. La gazette de la librairie Envie de lire a présenté le livre de Segré et nous a autorisé à la reproduire. La voici, comme un prolongement amical et intellectuel à la résidence. (SR)



« Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage »



Pourquoi avait-on tenté de poignarder Spinoza ? Pourquoi ne cesse-t-on depuis d’ajuster les coups qu’on lui porte ? C’est ce qu’essaie de comprendre Ivan Segré dans son livre Le manteau de Spinoza : pour une éthique hors la Loi.

Un livre exigeant, ardu et humble à la fois. Ardu puisque Segré y mobilise une érudition peu commune, exigeant puisque toute expression y fait sens et motif, et alors la moindre distraction conduit à rebrousser chemin. Mais Segré ne force pas notre pas, car il veut convaincre autant que démontrer. Et si l’on devine Spinoza comme un lointain parent, à mesure qu’il nous en approche, l’on découvre un Spinoza familier, aux airs d’« insurgé », de « Maure », de « partageux ». Et l’on comprend mieux que ceux qui ont pris le parti de l’ordre, du chacun pour soi et de Dieu pour tous, n’en finissent pas de le chasser. Car qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. Et désigner Spinoza comme le ferment de l’antisémitisme laïc devrait y suffire. Mais cela ne résiste pas à l’examen conduit par Segré. Car si certains de ceux qui s’y emploient s’y prêtent par paresse, d’autres plus conséquents désignent l’adversaire ; Spinoza est une source de la rationalité émancipatrice, et à travers Spinoza c’est toute pratique de l’émancipation qu’ils visent à réduire.




(Ivan Segré et Raùl Mora lisant la Gazette d’Envie de lire)
8 mai 2014
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