Ivan Segré Le manteau de Spinoza aux éditions La fabrique
A la suite de cette résidence, Ivan Segré a rédigé Le manteau de Spinoza qu’il publie aux éditions de La fabrique. La gazette de la librairie Envie de lire a présenté le livre de Segré et nous a autorisé à la reproduire. La voici, comme un prolongement amical et intellectuel à la résidence. (SR)
Un livre exigeant, ardu et humble à la fois. Ardu puisque Segré y mobilise une érudition peu commune, exigeant puisque toute expression y fait sens et motif, et alors la moindre distraction conduit à rebrousser chemin. Mais Segré ne force pas notre pas, car il veut convaincre autant que démontrer. Et si l’on devine Spinoza comme un lointain parent, à mesure qu’il nous en approche, l’on découvre un Spinoza familier, aux airs d’« insurgé », de « Maure », de « partageux ». Et l’on comprend mieux que ceux qui ont pris le parti de l’ordre, du chacun pour soi et de Dieu pour tous, n’en finissent pas de le chasser. Car qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. Et désigner Spinoza comme le ferment de l’antisémitisme laïc devrait y suffire. Mais cela ne résiste pas à l’examen conduit par Segré. Car si certains de ceux qui s’y emploient s’y prêtent par paresse, d’autres plus conséquents désignent l’adversaire ; Spinoza est une source de la rationalité émancipatrice, et à travers Spinoza c’est toute pratique de l’émancipation qu’ils visent à réduire.