Marie Claire Ropars-Wuilleumier, Le temps d’une pensée aux Presses Universitaires de Vincennes.

Quel bonheur de découvrir au hasard (objectif) d’un rayonnage de librairie cette importante parution. Je n’ai connu Marie-Claire Ropars-Wuilleumier que par ses livres et ses articles. Je n’ai pas eu la chance de suivre ses cours et je le regrette beaucoup car ses publications ont toujours été une source profonde de réflexion et d’inspiration, et notamment cette importante collection « Esthétiques hors cadre » qu’elle co-animait aux Presses Universiitaires de Vincennes.



Le Temps d’une pensée. Du montage à l’esthétique plurielle est un livre important car il regroupe de nombreux articles de Marie-Claire Ropars-Wuilleumier publiés entre 1971 et 2007. C’est l’occasion de découvrir une pensée plurielle (le mot est ici décisif), ouverte et généreuse, allant de la littérature au cinéma en passant par la peinture ou la philosophie... bref une pensée qui déborde les cadres et apprend que l’enjeu esthétique est dans ces débordements-là, que la pensée se tient justement dans les obliques et la capacité de ne pas s’assigner une place. Le parcours intellectuel de Marie-Claire Ropars-Wuilleumier est dans ce généreux débordement. Sophie Charlin qui a réuni ces textes souligne l’ampleur de travail de croisement et l’évolution d’une pensée ouverte aux tensions :

« Chez Marie-Claire Ropars, la mise en oeuvre des contraires et des tensions ne cherche pas d’apaisement. Les mots qu’elle utilise (« rupture », « écart », « hiatus », « paradoxe ») comme ceux qu’elle emprunte à d’autres (« conflit », eisensteinien, « synthèse disjonctive » deleuzienne, « déconstruction » derridienne) font barrage à l’unification comme à la résolution car il ne s’agit pas d’achever ni de clore le trajet. Les théories et les principes avancés sont des outils qu’il faut inventer pour penser les disjonctions propres aux œuvres. Le mouvement critique est aussi un moteur de réflexion, il tend à mettre en crise les concepts établis ou les évidences premières qui gommeraient la complexité des objets étudiés. Il n’est pas question d’atténuer la division, aussi conflictuelle soit-elle, dans l’art et dans la pensée mais, bien au contraire de porter au plus haut point les zones de tension et de rupture. »


Sophie Chardin, « Introduction. Une méthode critique », pages 8-9

Aussi retrouve-t-on dans ces pages de Marie-Claire Ropars-Wuilleumier la densité et la richesse d’un corpus ample allant de nouveaux romanciers à Derrida, en passant par Eisenstein, Blanchot, Resnais, Bresson, Duras, Proust, Simon, Perec, Godard, et bien d’autres.

S’y précipiter.

Marie-Claire Ropars-Wuilleumier, « Le Temps d’une pensée. Du montage à l’esthétique plurielle », Presses Universitaires de Vincennes, 2009
ISBN : 978-2-84292-229-0

11 novembre 2009
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