Nomade cherche terre
Derrière la brume suspendue, j’avais pourtant la certitude que les deux maisons allaient apparaître. L’ancien grenier à sel se dessina dès que j’aperçus les berges et je le trouvai dans un encorbellement d’échafaudages, les pierres à nu, les fenêtres dépouillées, enfin beau comme il avait dû l’être il y a longtemps. Les ouvriers allaient et venaient, leurs casques sur la tête, et tout cet affairement me rendit joyeusement à mes travaux de budgets, de préparatifs, de règlements, d’organisation.
« Nous sommes des êtres de destin et on voudrait nous faire croire le contraire » disait Hélène Cixous, en décembre 2008, rue de Montorgueil avec les remueurs. Je sentis que je gagne mon destin chaque fois que je me détourne de l’origine, de ce qui voudrait faire de moi un être défini.
La brume s’était envolée. Le pont, les maisons, le chemin le long de la Loire, le mont Glonne, les grands résineux devant l’église, tout se précisait et se multipliait en détails immobiles et réels. J’étais parvenue de l’autre coté de la rive à mon insu. Le paysage ne disait rien de la lumière, il était lui-même, comme un dessin d’architecte.
Je laissai un message à Caroline que je savais juste arrivée à Tanger : Suis rentrée à Saint Florent, c’est à toi de t’occuper de la Méditerranée.