Pentti Holappa | Les mots longs
Écrivain finlandais, Pentti Holappa est né (1927) au milieu des grandes forêts, et a grandi élevé par sa mère. Tour à tour coursier, ouvrier, postier, libraire, publicitaire, éditorialiste, directeur de revue, ministre de la culture, traducteur (Baudelaire, Reverdy, Ponge, Simon, Robbe-Grillet, Le Clézio, Sarraute), il a publié dix-sept livres de poésie, sept romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des essais.
Je lis Les mots longs (Poèmes 1950 – 2003), Poésie/Gallimard 2006, et je me demande où j’ai déjà entendu cette voix, non parce qu’elle ressemblerait à celle d’un autre, ou que j’aurais croisé, un jour, telle phrase du même auteur, mais parce que ces poèmes font apparaître de très lointaines, et confuses images, sans qu’il me soit possible de savoir si elles proviennent encore de cette vie, ou du rêve, ou du cauchemar, ou des trois à la fois.
Il me semble alors qu’une forme mince se tient debout entre les fenêtres ouvertes, et qu’une femme, peut-être une mère, l’embrasse dans le cou. Il y a aussi la peur, une peur terrible, du retour imminent d’on ne sait qui. Soudain, on entend une toux, stridente comme le chant du coq.
Tamao est là, nu, debout il regarde les étoiles.
Maintenant il sait ce qu’est la solitude.
Ses doigts palpent sa verge,
il fait glisser le prépuce sur le gland
jusqu’à ce qu’il sente dans ses doigts comme une prune mûre.
Dans l’ombre une main rassurante apparaît
qui caresse ses fesses et ses testicules.
Tamao se livre sans question, sans un souffle.
Il éjacule sa sève pâle dans la grande paume
et un instant plus tard il pleure, car tout est fini.
Si Dieu existait, il n’aurait pas disparu.