Pierre-Antoine Villemaine | Oser Écrire /1
Cet atelier d’écriture s’est déroulé dans le cadre d’une résidence d’auteur au Relais - Centre de Recherche Théâtrale - Le Catelier en octobre 2009.
Le groupe Etape était constitué de personnes en situation de réinsertion à Auffay et Dieppe, réunies par l’Association Les Nids qui assure une mission d’éducation, de prévention-médiation, de soin et d’insertion sociale.
Avec Catherine, Denis, Dominique, Françoise, François, Jean-Pierre, Géraldine, Isabelle, Jacques… Lydie et Edwige… et Pierre Antoine.
Il pleut ! Cette première pluie tant attendue en cette fin d’un si bel été nous prévient de l’arrivée des jours d’automne, nous annonce le froid de l’hiver. Ils vont arriver. Une camionnette fait le tour de la campagne pour amener les participants au théâtre du village. Nous avons préparé le lieu, dispersé dans l’espace tables, chaises et bancs ; déposé sur une table ramette de papier blanc, stylos et crayons. Avons mis en place un éclairage doux que nous voulons accueillant, mis le chauffage en ces tout premiers jours d’octobre. Nous attendons.
Crissement de pneus sur les cailloux de l’allée. Quatre hommes descendent du véhicule conduit par une jeune femme. La conversation s’engage, nous parlons de balade en mer, le bateau tanguait, nous avons hissé les voiles, une femme s’est allongée dans un filet à l’avant du bateau, elle pourrait tomber à la mer, moi je ne le ferais pas…
Les femmes arrivent à leur tour. Dans le théâtre, elles se regroupent sur les chaises disposées en ligne, serrées les unes à côté des autres, "comme des petits oiseaux sur un fil", dis-je. Et elles se mettent à rire…
Je me suis levée ce matin, j’ai sorti mes chiens, ma copine est venue me chercher pour attendre la voiture IMR.
Je me suis levée à 6 h 30. J’ai réveillé mes filles, j’ai accompagné mes filles au car. Mon fils est parti avec le cirque, j’ai pleuré des larmes de crocodile. Je suis aussi triste que le temps. On est parti de Bellecombre pour Auffay. A Auffay, on a pris le café avec des gâteaux. Après nous sommes partis pour Le Catelier pour passer une bonne journée ensemble avec notre chauffeuse Lydie.
Trajet du matin, au rythme des essuie-glaces, douceur de la pluie. Joie d’un rendez-vous, je prenais la route pour un moment, une rencontre de poésie. Douce senteur en ce jour de pluie, odeur fraîche, une odeur de terre fraiche. Pluie douce sur le visage, un frémissement, transition avec la chaleur de la maison.
En venant ici ce matin je me suis replongée quelques années en arrière, cela m’a rappelé quand j’allais cueillir les pommes dans les vergers de la famille POUSSET. Cela m’a rappelé beaucoup de souvenir, surtout avec la pluie d’aujourd’hui.
Je suis heureuse d’être ici, mais avec quand même quelques petites appréhensions.
C’est dommage qu’il pleuve ! Attendons la suite !
Je me suis levée à 7 h. Je suis triste car mon chien est malade.
Aujourd’hui il pleut. Parti à 8 heures moins dix pour aller à Auffay. Parti à 10 heures pour aller au Catelier. La joie pour venir au Catelier pour aller voir le poète pour qu’il nous apprenne à faire du théâtre. Le poète va nous faire des choses magiques.
Je suis content d’être venu malgré la pluie. J’espère passer une bonne journée. J’aurais préféré qu’il fasse beau pour faire un tour dans le parc.
Traces du passé
Quand je veux écrire, toujours l’enfance me remonte à la gorge. Des lumières s’allument dans mon dos, des mains se posent sur mes épaules, des souffles sur ma nuque. Enfance, brouillard doré sur ma conscience, hauts parages de ma conscience. (Pierre Guyotat.)
– Une bonne journée en bateau. Il fait beau. Avec le groupe et le Capitaine, on a mangé autour de la table. On a fait la vaisselle. On était quatre.
– A Auffay, on a peint des bancs pour la Commune.
– On a fait des promenades à pied à Dieppe. Au Château.
– Faire un tour dans le Château. J’étais placé à Beaumont à dix-sept ans. Gros château, à la campagne, à côté d’Yvetot. On faisait en fin des voyages en montagne, on faisait du ski. Pour une journée. Bien habillé. Une médaille de ski de fond.
– La piscine – du sport – du judo – le cinéma. J’étais pour chercher du boulot. Le château à changer aujourd’hui. Trouver un logement et travailler au château.
– Ma mère quand elle faisait son linge
– L’odeur des gâteaux quand je rentrais de l’école
– J’aimais bien aller chercher le lait à la ferme
– Donner à manger aux animaux dans la basse-cour
– J’aimais bien casser du bois
– Je suis grand-mère aujourd’hui, le souvenir, le bonheur de la naissance de mes petits-enfants
– Promenade en vélo avec mon père nourricier
– Faire les courses avec ma mère nourricière
– De ma première communion à 12 ans, alors que j…˜avais perdu mon papa à 17 ans
– Souvenir de mon service militaire
– De la rencontre de Charlène, une nièce fille de mon frère décédé il y a 10 ans
– De la maladie de ma mère il y a 14 ans et qui est partie il y a 12 ans
– De ma première mobylette à 14 ans
– J’ai été élevée avec mes 2 parents avec ma sœur
– Ma mère m’a laissée à Saint-Victor dans le milieu d’un bois
– Ma sœur était âgée de 8 mois et moi 4 ans
– C’est mon père qui est venu nous chercher au café de Saint-Victor après son travail
– Ensuite mes parents ont divorcé
– Ma sœur a été élevée chez une nourrice à Bosc Le Hard car elle était trop petite pour que ma grand-mère l’élève
– Moi, je suis allée chez mes grands-parents avec mon père
– J’ai été très heureuse
– Malheureusement mon grand-père est décédé, j’avais 14 ans
– C’était l’année de mon certificat d’études
– J’étais désespérée car je ne voulais plus travailler en classe
– C’est mon maître d’école qui m’a motivée et j’ai eu mon certificat d’études
1re sur 800 élèves
– J’ai eu une enfance très bizarre
– Je me souviens des bons Noëls
– J’aimerais aller à la fête foraine, j’ai toujours aimé ça
– J’aime faire des promenades dans la nature
– J’aimerais partir en vacances, je n’ai jamais parti, j’aimerais partir très loin pour me vider la tête.
– Jouer avec les nuages pendant les voyages en voiture
– Le parfum de ma grand-mère (Violette)
– S’inventer des jeux dans le quartier de mon enfance avec les enfants (voisins)
– Rejoindre mes parents dans leur lit, en passant sous les couvertures en commençant au pied du lit, nous formions un tunnel pour aller les embrasser (avec ma sœur)
– Fous rires avec mon grand-père
– Descendre les pentes de ski que j’ai découvert avec ma première colonie de vacances
– Les odeurs de mon enfance, les confitures de mon arrière-grand-mère, l’atelier de mon grand-père, l’ordre de son établi (image)
– Les lectures pour l’imaginaire, la beauté des images que je découvre
– Les vacances d’été à la mer en Loire-Atlantique, à la Bernerie-en-Retz, en tente, camping sauvage
– Les moussons d’été, l’odeur de la paille lorsque nous nous roulions dedans. Mon arrière grand-père qui donnait des ballots à 7, 6 ans. Et nous qui tassions les ballots de paille. Elle nous piquait et griffait les jambes, les avant-bras
– Les repas de famille (tante, grands-parents, cousins, cousines) et ma grand-mère qui nous cuisinait ses oies, ses poulets… et ses tartes aux pommes, l’été sur l’herbe avec la sieste sur des couvertures sous les pommiers
– Mon école maternelle que j’ai adorée. Une grande porte en bois et un grand mur de briques. Ma maîtresse que j’aimais bien. Elle m’a donné le plaisir des études, de l’école
– La naissance de mon fils, même si ce souvenir est récent.