Quelques mois avant...
Mener un travail d’écriture auprès de personnes souffrant de désordres, troubles ou maladies psychiatriques, personnes pour lesquelles le rapport au réel, à la normalité, à la limite, est questionnement et souffrance. Travailler sur ces frontières, pour s’interroger sur nos propres frontières. Croire, profondément, parce que je crois en l’écriture, parce que je connais le chemin de vérité à soi qu’elle peut être, que ce travail d’écriture pourrait représenter, pour ces personnes, une expérience de vie, une expérience de sens : écrire, c’est avant tout redécouvrir qu’on a chacun une voix, que cette voix est unique, qu’on a le droit de la faire entendre ; et que, la faire entendre, c’est la faire exister. C’est exister.
Avoir eu la chance d’avoir rencontré Claude Finkelstein, présidente de la FNAPSY (Fédération Nationale des Associations d’usagers en Psychiatrie) qui a beaucoup œuvré depuis des années pour que les handicapés psychiques soient considérés avec davantage de dignité et d’humanité. Avoir eu la joie qu’elle me fasse confiance.
Avoir rencontré plusieurs « adhérents » du GEM du 20ème arrondissement de Paris et avoir senti, lors de ces échanges, que c’est là, oui, bien là, qu’il me fallait être.
Avec Claude Finkelstein, nous nous mettons d’accord sur un lieu, un jour, un horaire. Ce sera tous les vendredis, de midi à 15h30, dans le GEM du 20ème arrondissement. Le GEM s’appelle : Le Cap de Bonne Espérance. Claude me propose qu’un petit repas soit proposé aux adhérents en début de séance, elle me témoigne à nouveau sa confiance, elle ne me demande pas si j’ai déjà travaillé avec des malades psychiatriques, elle ne me demande pas si j’ai de l’expérience en ce domaine, elle ne me demande pas si j’ai peur. Elle me dit que je vais donner et recevoir, elle me dit qu’elle est heureuse que mon projet existe, tout est simple et vrai entre nous, je sors du rendez-vous le cœur en joie, les ateliers d’écriture peuvent commencer.