écrire, s’absenter
La maison de Julien Gracq patiente. Les jours seront plus longs désormais, solstice oblige. Nous pourrons attendre devant la maison que le soleil s’embrase sur la Loire et que les brumes s’élèvent sur le théâtre des berges et du courant tourbillonnant.
Maintenant, c’est sûr, Caroline Sagot Duvauroux sera de retour à Saint Florent. Et la jubilation de la pensée et du texte avec elle me donne le courage et la joie qu’il faudra pour encore affronter. Ne pas attendre la douceur, en donner peut-être, c’est ce que j’ai dû apprendre ces derniers mois. Travailler, à la virgule près. J’étais tombée dans l’informe de trop de chagrin. Mes mains ne savaient plus le début et la fin du texte, on peut se perdre ainsi. Puis mes mains ont modelé, agencé. La maison se construit. La vie prend forme.
La maison de Julien Gracq patiente. Je vais m’absenter plusieurs jours pour parler anglais et arabe dans les rues de Paris et de Nantes, relire les livres venus de Beyrouth, rire d’avoir traversé la terreur d’une scène d’enfance enfin émergée et rendue au passé, dormir et écrire.
حياة جميلة ناعمة بلدى disait Samer dans la fureur des rues de Chatila.