Étienne Vaunac | Prendre suint - 8


L’INCERTITUDE


nous profitons du soir à la tombée de la mer.
nous peinons mieux dans les pièces à peu près vides.

celles qui vivaient là
sont parties depuis longtemps.
elles ont tout refermé derrière elles
en laissant les clés dans les ormes.

tu montres du doigt cette lourde pendule de bronze
est-ce la table mise ?
la bergère sculptée a ton visage –
les cheveux longs de zones
le sourire infini
la peau piquée par les moustiques sévères.


CYPRÈS


je parle dans la conjugaison
des lieux. de ton côté tu prends tous les chevaux
pour des pots de métamorphoses où
chacun tient son rôle du mieux qu’il peut. en enjambant le
torrent tu vas tomber sur mon père de retour de l’inouï.

quelques bustes de plâtre traînent entre les escargots
de ce désert de consolation.

on ne voit rien d’où l’on se trouve. cela s’entend.


LE CHAOS DANS LE DÉSORDRE


quand on passe le seuil on suspecte tout à trac le crêpe
et l’axolotl.

devant la cheminée de la salle à manger
les survivants se nourrissent de gruaux
atomiques
d’algues tranchantes comme des plaies. je souhaite
avec vous déclencher
des enchevêtrements rejetés sur le sable
le brai des heures à l’ombre des lentisques
le crêpe dans la transcendance trouble.

on tourne la tête vers les rétines
bien des années plus tard
cette main que je sers sur le côté des tasses de porcelaine
cette main
enfoncée dans le monde
parce qu’aucune vertu ne reste impunie.

29 octobre 2023
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