Étienne Vaunac | Prendre suint - 4


OÙ JE TROMPE L’ÉTÉ


sur la sagne la toile tisse l’araignée – de fil en aiguille la soie
sèche la soie gluante sculptent son corps
suspendu dans l’air traversé
par une terre mourante.

sur la sagne la toile tisse l’araignée – le monde excrète une comptine
amorphe par ton larynx où la mouche éclot.
où le blé
nourrit dans le ricanement de l’ange.

sur la sagne la toile tisse l’araignée – ses larmes ménagères
dégouttent des fils. la pluie n’est jamais tombée du ciel
mais monte de la joie
vers les nuages.


LA FÊTE


des couples dansent tout autour du garde-corps. une brume
monte du littoral
dans un relent de concombre de mer
et de monnaies-du-pape
tandis que mes mains s’éloignent dans la modestie
de la détresse.

des verres se vident
se remplissent.

l’arrosage automatique vient tout juste
de se déclencher.
chaque mort succède à une autre.

tu n’as pas souvenir d’une époque où le parc
n’existait pas
son enfilade d’épicéas
ses parterres de rhododendrons
dédommagés par la pitié.

29 octobre 2023
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