Jour 3 : Communauté

Tu as entendu résidence, tu en as mentalement déduit, conformément à l’étymologie, sedere, rester assis, tu t’es imaginé de l’écriture, du silence, du repli, et voilà que résider signifie gîter hors, partager, rencontrer, toutes choses qui bousculent tes habitudes et tes petites manies.
Tu les as découverts, ceux-là toutes qui comme toi résident, qui dans une bibliothèque, qui dans un collège, celles-là qui traduisent, mettent en scène, tous qui alignent les lignes, en ligne autour de la table, vos visages en face et en profil, vos mains inoccupées. Au rituel de la présentation céder, décrire en brefs instants des intentions toutes petites qui cachent des ambitions toutes grandes, après l’autre se dire, s’avouer et se taire : rivalité et concurrence. Ma publication, mon édition, mon futur.
Tu t’es assise à une autre table, un samedi de grand marché, les associations au vent et au soleil accrochant les passants et toi leur vendre ta littérature. Ils se sont penchés certaines sur les affichettes et ton joli boniment : des ateliers et des promenades et tout cela messieurs, mesdames, à bon marché.

« Puisque les fous sont depuis longtemps cachés derrière des murs, on peut penser que si tant de municipalités invitent aujourd’hui des artistes à intervenir sur leur territoire, c’est parce qu’elles ont un besoin inconscient de remplacer l’idiot du village - fonction essentielle à toute communauté. Je suis notamment rémunéré pour ça, promener l’excentricité de mon costume dans Malakoff. » Gregory Buchert, Malakoff, 2020.