La vie romancée de Boulig Koz
Né à Ty Chalony sur la commune de Scaër dans le Finistère en 1848 et mort à Kernével en 1911, François Boulic fut en son temps l’un des grands sonneurs de biniou Koz de Bretagne.
« Je suis Boulig Koz, François Boulic, danseur étoile sur la garenne, homme de hanche irréconciliable d’avec le silence des houx, la crosse des enfougérés. »
Si son nom de musicien, Boulig Koz, est connu, tout particulièrement par ceux qui, aujourd’hui encore, reprennent quelques-unes de ses compositions ou les airs traditionnels qu’il a collecté et popularisé, l’ordinaire de sa vie, celle d’un cultivateur attaché à sa terre, l’est beaucoup moins. C’est ce manque que vient combler Olivier Hobé, y compris en romançant, si besoin, le parcours du musicien qui se produisait dans de nombreuses fêtes locales. Assis sur une chaise posée sur une barrique ou sur le plateau d’une charette, il formait un solide duo avec Yves Coroller, plus connu sous le nom de Youenn Dall (l’aveugle) qui l’accompagnait souvent à la bombarde.
« On m’invite ici ou là et le plaisir ne m’est acquis que lorsque les femmes ne se soucient plus guère de leur tenue. À l’heure tardive, celle des tonneaux élevés en podiums, place à la ruée, gigue légère, tintements, vœux à toute berzingue. Avec la foi partagée en quelques places de marches communes. »
Olivier Hobé présente Boulig Koz en plusieurs périodes de sa vie. On le retrouve sur les chemins buissonniers de son village quand, enfant, il s’isolait pour sonner dans les arbres et plus tard, devenu adulte, près des rivières, des fourrés et des forêts où il se faufilait pour aller braconner, détectant truites, lièvres, grives et lapins comme personne.
C’est qu’il doit nourrir sa famille, élever ses enfants, seconder sa femme Jeanne qui le remplace à la ferme quand il part sonner et récolter un peu d’argent à Brest, à Quimper, à Pont Aven ou ailleurs.
« Ma prochaine campagne doit me mener au Frugy, où il est peu utile de tendre pièges et filets. Le lièvre là-haut tend les bras comme le crapaud à sa mare s’immobilise, comme l’abeille assise dans la passion s’enduit de l’huile d’un soleil rose. »
Une autre émotion s’empare du lecteur en découvrant ce récit. Olivier Hobé est décédé en 2023 et le lire à nouveau est une agréable surprise. Sa prose, subtile et poétique, aux phrases souples, emplies de riches sonorités, où chaque mot tombe juste, célèbre un homme attachant, proche de la nature, et en accord avec elle, aimant à partager les plaisirs simples de sa vie, à commencer par la musique.
« Je tire des accords au jugé, caresse les troncs argentés et me dis que je suis toujours resté un cadet de ferme évadé. »
Olivier Hobé : La vie romancée de Boulig Koz, Pierre Mainard.
Logo : François Boulic alias Boulig Koz (carte postale, fonds Dastum)