Les fenêtres

Arcueil est rouge. Rouge comme la banlieue rouge. Rouge comme la brique. Des dizaines de bâtiments, dans toute la ville, quadrillés par du béton et remplis avec des briques. Du nord au sud, de l’Est à l’Ouest, on rentre dans la ville par ces blocs de briques. Raspail, Les Irlandais, Cherchefeuille, Paul Vaillant-Couturier, Clément Ader, La Vache noire, Le Chaperon Vert, ça déborde sur Gentilly avec Frileuse et Reine Blanche. Une profusion de logements, tous construits sur le même modèle entre 50 et 70. Toute une ville sortie de l’insalubre et des bidonvilles — un salut aux anciens habitants de la Villa Mélanie — sur des briques. Bien sûr il y a des pavillons, des immeubles plus anciens et des immeubles plus récents. Mais surtout des tonnes et des tonnes de briques. Des murs et des murs de briques. On pourrait trouver ça dur, on pourrait trouver ça terne. Mais la brique c’est chez nous : on vit dans ces façades, on occupe toutes les fenêtres, on anime toutes les cases et on remplit tous les balcons. Si on y regarde bien, il y a toujours quelque chose à voir.

Les fenêtres
Une première série de dessins, entamée en début d’année, devait proposer un point de départ pour différents ateliers avec Anis gras et la médiathèque Louis Pergaud. Observer les façades comme un collectionneur. Consigner chaque fenêtre comme autant de papillons rares. Noter chaque usage, scruter chaque détournement et chaque variation de la trame. Classer et compiler en planches de dessins. Empilées les unes sur les autres, les fenêtres retrouveraient leur état d’origine et affirmeraient leur parenté avec la bande dessinée : des cases qui s’enchainent sur un rythme régulier, des espaces délimités où évoluent toutes sortes d’objets, de personnages et d’histoires.

Confinement oblige, on transforme un peu la recette. La série migre pour un temps sur Instagram et l’atelier sur table se transforme en appel à participation. À partir d’une matrice unique de fenêtre (disponible ici et sur le site de la médiathèque d’Arcueil Louis Pergaud), chacun est invité à proposer une ou plusieurs nouvelles fenêtres (à renvoyer à lesfenetres.arcueil[arobase]gmail.com), qui viendront s’empiler sur les miennes au sein du compte Les fenêtres.
« Imprimez, redessiner, détournez ou ignorez cette matrice mais complétez la collection ! Des choses vraies, des choses fausses, du noir et blanc, de la couleur, chaque initiative est bienvenue pour aérer ce cabinet de curiosité. »

17 avril 2020
T T+