Pierre Antoine Villemaine | Avant-propos
(V. W.)
(Effrayé, titubant intérieurement à la poursuite de mots fugitifs, des morceaux se détachaient de l’obscurcissement de son cerveau qui dès lors ne produisit rien de plus qu’une clarté fiévreuse, une sorte de halo de lumière et de brume où « l’Indécis au Précis se joint »)
.
Ce sera la forme improvisée momentanée modifiable
l’engendrement continu d’un monde disloqué
une fantaisie lentement déposée
un geste exploratoire aux multiples reflets
un magma fertile d’empreintes expressives
d’étranges combinaisons
flottaisons indéfinies et comme irresponsables
autant d’essais
pour une esquisse informe
pour une respiration
dans cet état diffus d’émergence
un geste cherche sa forme
la forme de son déplacement
il procède d’une infinité de mouvements
et de sauts et de repentirs
espacés par le tendre intervalle
attentif à la dynamique de la gestation
tu rebondis indéfiniment
et tu en souris
cela te semble dérisoire
et pourtant
te voila reparti de nouveau
sans direction
sans projet
tu dégageras des formes
nées du mouvement
de l’agitation
du tourbillon
des formes errantes
des fantômes de vie
inintelligibles
en attente d’explication
capricieuse
cette infinie désorganisation
t’entraînera
on ne sait jamais où
au bord du savoir — non loin de la folie, peut-être
(Ô ces paroles exténuées
menacées d’insignifiance
comment y croire encore ?)
tu te soumets à l’exigence de la reprise
à la dynamique d’une variation progressive
aux nuances infinitésimales de son apparente immobilité
de nouvelles combinaisons
te surprennent t’enchantent ou te désolent
pensées et phrases brisées
séries en spirale
dessinent un champ d’incertitude
un continuel changement de forme
de départ en départ
cette suite de commencements
compose une myriade de tremblements
un frissonnement
sinon un sens
du moins un jeu de cohérences
pas d’énigme à déchiffrer
en ce paysage artificiel et discordant
mais l’interrogation d’une pensée depuis ses limites
l’insouciance pas encore engloutie
je vais essayer de te le dire en divaguant
car ce dont il s’agit je ne sais pas encore le nom