Pierre Antoine Villemaine | Comme un journal...

La phrase était mon unique vérité. (F. P.)
 

 

l’attention extreÌ‚me et la deÌ sinvolture
la grâce et la lassitude
l’eÌ lan et le deÌ couragement

*

dans le vertige d’un ralenti
tu assistes au tournoiement des figures
àla douce agonie des contours
àla lente défaite des images

tu t’accordes au miroitement de la rumeur
au scintillement des particules
tu t’ajustes àl’indécis
consens àla dilution des corps et des paroles

*

àjour comme ànuit
murmurante
près du marais
des heurts souterrains
elle demeure

àpeine un froissement

fidèle au fugitif
ébranlant les fibres
tempêtant la pensée

*

… se perdant dans la pensée comme en rêve, une mélodie hasardeuse se profile, une lueur de pensée, négligée, l’empreinte la plus faible, la plus fragile, parole de murmure au flottement perpétuel, àla douceur tendue...

*

M’appelait. Quelque chose m’attirait en cette lumière émanative, une certaine peur pour moi mais aussi pour elle, pour cette part d’inhumanité qu’elle soutenait, qu’il portait en lui et qu’elle lui révélait. Dispensé de pensée, il ressentait le trouble familier en cet arrêt de vie, exactement le même, ravi par une musique fictive, y trouvant la grâce et le bonheur d’un évanouissement.

*

dans le vertige d’approfondissement
demeure une conscience sans contenu
prise dans la nuit du langage
àun fil – vertigineusement tue

*

ils passent, ils traversent, apparaissent et disparaissent, épreuves larvées innombrables, incompréhensibles ànous mêmes, ces précipités de pensée sonnent l’alarme

*

comme une fine pluie de particules sur la peau, minuscules chutes météoriques dont il percevait les impacts avec tant d’acuité, chaque syllabe, chaque atome de son lui apparaissait avec une si grande netteté, une si grande précision, et tout son corps recueillait cette langue qui s’éparpillait en un volètement de molécules composant l’ombre d’un chant fissuré

*

làoù les mots s’éveillent àleur énigme

*

une pensée inconséquente, traversée et reconnaissance des impasses apories nœuds contradictions événements et figures virtuelles, trajectoires mentales et sensations entremêlées dans le jeu des correspondances, reflets d’un monde dont il avait perdu la clef

*

[…] tendu vers ce qui ne peut être pensé, vers ce quelque chose d’infiniment désiré, promis, toujours remis, différé, ce qui vient est un bourdonnement confus et continu, une rumeur, un silence tourmenté, une fluence chargée de possibles... Pas d’œuvre de pierre, d’œuvre cathédrale construite pour durer mais des petites pierres déposées comme au hasard des chemins, miniatures ou pousses àl’état de promesse, errantes en attente dans l’espace enfantin des limbes, petites touches qui ne résonneraient pas seulement de tristesse ou de mélancolie. Ce sont des reliquats, des restes inclassables, ce qu’on laisse derrière soi, ce qu’on abandonne.

3 juillet 2021
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