Rue Instin
L’idée de créer un événement sur plusieurs jours est née à la suite de deux précédentes expériences du projet Général Instin rue Dénoyez, dans une galerie et sur le mur de street-art : la Prise de la Belleville (2013) et Conquête du pays Ugogo (2014). Cette résidence a permis d’approfondir l’immersion sur l’ensemble de la rue prenant en compte des éléments de son histoire et de son présent, de l’investir poétiquement en sonorisant ses 156 mètres et en plaçant les diverses interventions sur le pavé.
Occuper l’espace public est aujourd’hui une gageure. Stany Cambot et Paul Ardenne nous ont dit combien l’espace du commun se retrouve facilement confisqué. Tout peut arriver dans la rue, et de cette fragilité est né un curieux objet collectif et mouvant.
Toutes les idées sont là pour écrire un autre siècle, selon les mots de Camille de Toledo lors de sa conversation avec Patrick Boucheron, mais nous semblons impuissants à trouver la dynamique pour les mettre en œuvre. Peut-être nous faudrait-il modifier les contextes dans lesquels ces idées sont énoncées et partagées, sortir des lieux institués qui les accueillent habituellement. Depuis longtemps des artistes ont traversé ce genre de murs mais il semble que pour une bonne part la littérature, rétive à s’excéder elle-même, peine à quitter ses enclos.
Montrant l’énergie contextuelle libérée durant ces quatre jours, un triptyque vidéo a été composé, montage en trois parties – le Passé, le Présent, le Futur – suivant le fil de la performance divinatoire et chorale de Maja Jantar et a rawlings qui rythme l’ensemble, avec quelques lignes thématiques comme l’art urbain, l’urbanisme, l’insurrection, l’histoire, la traduction…
geste transdisciplinaire – performances, sons, conversations, street-art, installations
jeudi 4, vendredi 5, samedi 6, dimanche 7 juin 2015
rue Dénoyez 75020 Paris Belleville
avec le soutien de la Région Île-de-France – dans le cadre de la résidence de Patrick Chatelier, programme régional de résidences d’écrivains
et du site littéraire remue.net
avec la participation des éditions Le nouvel Attila, la Maison de la Plage, Friches & nous la Paix, le Barbouquin, et la Manufacture sonore
Le Général Instin ou GI, projet artistique et fantôme errant de soldat, annexe l’une des plus petites entités politiques qui soient : la rue, pour expérimenter une nouvelle citoyenneté jour après jour.
Quatre journées d’indépendance de la rue Dénoyez à Belleville sont proclamées jeudi 4, vendredi 5, samedi 6 et dimanche 7 juin 2015.
Chaque soir, la rue est sonorisée avec montage de divers sons enregistrés in situ, puis sons en direct (performances, conversations…).
Le Mur de la rue Dénoyez voué au street-art est occupé par des street-artistes qui se relaient pour décliner le mot « instin ».
Certains lieux de la rue (galerie, café) accueillent des expositions.
Des livres instin sont présentés, à paraître aux éditions Le nouvel Attila.
Quelques lignes thématiques scandent l’occupation : le Belleville insurrectionnel du XIXe siècle, l’art contextuel, le street-art, les fresques politiques, avec la participation de muséologues, historiens, architectes, écrivains…
C’est aussi l’ultime fête, façon de dire adieu à la rue Dénoyez telle qu’on la connaît depuis des années – la rue berlinoise de Paris, la rue du street-art – puisque les bulldozers s’apprêtent à détruire les « boutiques », ateliers d’artistes ou galeries, bientôt remplacées par des logements et une crèche.
Voir aussi Labour de rue, d’Anne Mulpas