Un théâtre vide

A la manière d’une équipe de Mission impossible, Charlotte Milandri, Jean-François Munnier et Louana Rondini de l’Etoile du Nord et moi-même, sommes en contact quasi permanent : il faut être prêt, au cas où. Nous avions rendez-vous le 9 janvier. Un point était prévu avec le Gouvernement. Il faut toujours prévoir des points avec le Gouvernement. On y apprend plein de choses. On y apprend qu’il faut attendre, notamment. Je crois néanmoins que le porte-parole est un peu perdu dans ce monde où l’on ne peut rien prévoir. On ouvre ? On n’ouvre pas ? On fait venir les auteurs ? On réserve un hôtel ? On commence à parler de la soirée sur les réseaux sociaux ? On achète un baril de dix litres de gel hydroalcoolique ? On boit un coup ? On fait une belote (la belote se jouant à quatre, on a le droit) ?

Et encore... Je suis écrivain, mon livre existe... Il est en librairie. Je n’ose me mettre à la place des comédiens, des danseurs, des techniciens qui dépendent du spectacle vivant. Cette mise en sommeil de ce spectacle a quelque chose d’irréel et on se dit qu’il faudra plus qu’un baiser du prince charmant pour le réveiller. Mais on est nombreux à vouloir l’embrasser fort, alors il faut y croire.

Cette soirée prévue le 9 janvier, nous y aurons cru jusqu’au bout. J’ose penser que ce n’est que partie remise et que cette partie devrait être belle.

En attendant, nous réfléchissons à d’autres moyens d’aller à la rencontre des habitants du quartier et nous avons proposé à l’association Voisins-voisines d’aller directement "chez l’habitant". Il faut continuer à instaurer ce dialogue au sein du quartier et d’inscrire durablement la littérature au cœur du théâtre. Deux premiers rendez-vous sont d’ores et déjà fixés, deux autres sont dans les tuyaux. On dirait bien que la vie reprend son cours. Par des détours.

Gilles Marchand à l’Etoile du Nord (Paris XVIII)

9 janvier 2021
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