voeux 2005, avec Daniel Maximin

Souhaitons-nous pour 2005 de savoir croire à la soif pour nos eaux, à la faim pour nos pains, aux allumettes pour nos hauteurs, aux refuges pour nos meilleurs voeux, et aux portes vers nos étoiles... Daniel Maximin.

D’après Antonio Porchia :

— Qui ne sait croire ne devrait pas savoir.

— Parfois, j’ai besoin de la lueur d’une allumette pour éclairer les étoiles.

— Ma soif est reconnaissante d’un verre d’eau, non d’une mer.

— Pour pouvoir atteindre certaines hauteurs, je ne les abaisse pas, je les rehausse encore.

— Qui fait un paradis de son pain, fait un enfer de sa faim.

— Je préfère au meilleur des refuges les portes de n’importe quel refuge.

Antonio Porchia


"Ton île, j’ai su un jour qu’elle n’était pas enracinée, ni fichée en terre, mais qu’elle était bien ancrée.
Ancrée on ne voit pas au juste à quoi, ni sous l’eau ni sur terre en tout cas, mais sûrement à ses îles soeurs en archipel, peut-être aussi au feu des volcans sous-marins.
Une petite embarcation orpheline de terre et mer, sans cales ni voilures, chargée d’une cargaison de fruits nourris de sèves recomposées. Non pas échouée comme une épave, ni dérivante comme un radeau ivre, non pas tranquille à l’ancre de flaches ou d’anses calmes, ni mollement ballotée à l’espère, ou prisonnière au lasso des tempêtes. Mais solidement ancrée.
Ton île, telle une barque dans la tempête, je l’ai sentie brusquement frémir, tanguer, osciller, danser, prête à dérader, brusquement charroyée sur une mer sans eau. Le jour du grand tremblement de terre, celui dont je sens toujours vibrer sous mes pieds le souvenir dans la maison de notre enfance."

Extrait de "Tu, c’est l’enfance", Daniel Maximin, (Ed. Gallimard, Haute Enfance, 2004.

Pour découvrir l’oeuvre de Daniel Maximin, bio et biblio sur le site de référence d’île en île.

François Bon

2 janvier 2005
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