3B. Puissance et Pouvoir. Marc Perrin

Nous / sommes quelques milliards de corps plus ou moins définissables. Nous formons une assemblée. Nous disons que dans cette assemblée il existe deux sortes d’individus. Nous décidons d’employer le mot individus. Nous affirmons qu’il existe la sorte un et la sorte deux. Nous comptons : un : la sorte qui veut le Pouvoir. Nous comptons : deux : la sorte qui ne le veut pas. Nous comptons parmi la sorte qui ne le veut pas : un : ceux qui veulent bien vivre dans le Pouvoir de la sorte qui le veut ; deux : ceux qui veulent vivre par la Puissance.

Vous / dites que la Puissance s’oppose au Pouvoir. Vous dites que parmi cette assemblée de quelques milliards de corps plus ou moins définissables : il y a ceux qui font, ceux qui ne font pas, ceux qui affirment qu’ils font, ceux qui n’affirment rien, ceux qui se dissimulent, ceux qui vivent au grand jour, ceux qui affirment vivre au grand jour, ceux qui acceptent de vivre dans le Pouvoir de la sorte qui le veut, ceux qui acceptent de vivre dissimulés dans le Pouvoir de la sorte qui le veut.

Ils / disent que vouloir le Pouvoir signifie vouloir le prendre ou le garder.

Vous / dites vouloir vivre dissimulés de vous dans l’action même de vouloir prendre ou garder.

Nous / disons que la guerre a lieu entre ceux de la Puissance et ceux du Pouvoir.

Ils / disent que la Puissance n’est satisfaite d’aucune fin

Vous / dites que le Pouvoir est prêt à tout pour obtenir la sienne.

Nous / disons que ce prêt-à-tout est un prêt à tuer.

Vous / dites que ceux du Pouvoir font de la fin une victoire.

Ils / disent qu’ils sont du côté de la mort.

Nous / disons que ceux de la Puissance ne connaissent ni la fin ni la victoire.

Vous / dites que vous êtes vivants car nulle fin ne vous porte.

Nous / disons que ceux de la Puissance tremble de joie.

Vous / dites que ceux de la Puissance tremble de terreur.

Ils / disent qu’ils réaniment la vie. Ils / disent qu’ils ouvrent les corps à ce qui libre en chacun d’eux défait la victoire de la mort. Ils / affirment ce qu’ils sont. Ils / dévoilent leurs visages. Ils / ouvrent leurs corps. Ils / regardent le ciel pour savoir s’il va pleuvoir, pas pour savoir d’où ils viennent. Ils / disent qu’ils ne viennent pas. Ils / disent qu’ils sont là.

Nous / marchons sur la terre ferme. Nous / bâtissons des navires pour traverser les océans. Nous / aspirons à connaître un mouvement par lequel vivre hors de nous-mêmes. Nous / parions pour la justice dans la liberté.

Vous / dites que vous êtes conscients du caractère inachevable de la réalisation d’un tel mouvement. Vous / défendez l’idée de la conscience. Vous / savez que toute perspective de concession à l’idée de la conscience participe de la guerre que vous menez en vous-mêmes et hors vous-mêmes.

Ils / tremblent sans joie d’avoir à mener cette guerre. Ils / tremblent de faire l’expérience de cette guerre en en passant par la joie. Ils / commencent à ne plus penser en terme de guerre. Ils / craignent d’en devenir fous.

Nous / passons par la joie. Nous / tremblons dans la joie. Nous / formons un corps inédit où coïncident Ils, Vous, et Nous.

7 juin 2016
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