Affranchissons net
Le dimanche, à Roc Trévézel, dans les monts d’Arrée d’après-guerre, un drôle de type parlait. Seul. Parfois habillé d’une toge rouge. le bonhomme faisait des sermons en montant sur le toit de sa cabane en ciment. Il s’adressait à une foule invisible, tourné vers la vallée de Brennilis où se trouve maintenant une centrale nucléaire. Celui que le village de Braspart appelait Josaphat se prenait pour le Christ. Il gravait, soigneusement, ses textes sur les murs cimentés de sa maison et de la remise, toute proche.
La maison de Josaphat jouxtait le bord d’une route. A la construction de la centrale, à l’agrandissement du barrage, ou même avant peut-être, la route a été agrandie. On y a sans doute ajouté un rond-point.
Ces photos prises en 1955 par Xavier Krebs sont les rares à avoir conservé le travail de Josaphat. Si l’on clique dessus, on peut les agrandir de façon à lire le texte in situ.
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C’est la justice au juste borne
Du sphère énorme
De ses ordres réunis au rôle élément
Clair et net précis présent
Ici Dieu dans nous se croise
À nous affranchir de fond en comble et vivace
Et la passion de notre passé à l’avenir croisée
On est pur dans le soleil le jour crucifié
Ici le soleil est armé et crucifié de la cause sacré
Au nerf force suprême dans sa raison et vérité
Car tout est fait par la parole vue et l’entente
Et les paroles vues et l’entente est ici en résistance présent
C’est le tour et la tour du monde
Le tour et la tour de lumière
Le tour et la tour du jour le crucifié la sphère
Avec le barême de justice par la raison et vérité
De l’universelle cène crucifié
C’est ici que le soleil ouvre le cœur du monde
Par l’affranchissement à la ronde
Et qui allume le feu du Christ vérité
À notre âme de vie destinée
Ici peuple de cette Terre
Affranchissons net
Vous allez vous connaître
Et savoir ce que vous êtes à la lettre