au risque d’y perdre l’acte
Michel Herreria, La voracité idéologique, peinture sur papier, 2012.
Site de l’artiste
Exposition "Sans réserve", Galerie Éponyme
article de Anna Maisonneuve
Michel Herreria, Tous les hommes ne sont pas plans,
Nathalie Quintane, Jérôme Mauche, Le Bleu du ciel, mars 2012.
Actuellement Festival Expoésie à Périgeux.
Christian Prigent, La Vie moderne, P.O.L., 2012
Ci-dessous les vers Véronèse sont des transcriptions du poème de Christian Prigent,
La Vie moderne,
à l’exception du #3 extraits de : Georges Perec, Entretiens et conférences, Vol. II : 1979-1981, Éditions Joseph K., 2003, p. 185.
Chants de la terre [4]
Et l’apparence du savoir est facile à fabriquer sous la forme
de l’information car tout est prétexte à informer :
la politique, le sport, les voyages, la science, l’histoire, l’industrie, la société…
Bernard Noël, À bas l’utile, publie.net, 2010.
Agir plus qu’on ne peut agir au risque d’y perdre l’acte
Dire certaines choses sur la manière d’agir demande d’attendre le jour où l’action se manifeste. Le chant des giboulées est tenace ce printemps. Lui-même, l’acteur, la star, le citoyen, le perroquet, le trader, l’abreuvoir, le mastiqueur, l’ajusteur de Fileurs de compétences qui roulent et déroulent le monde à plat glisse sur la surface du papier. Pourtant la pluie dure moins longtemps que la machine. Pourtant la terre ne fonctionne plus. Tant mieux les rouages flottants déplacent les travailleurs à perpétuité. La dérive des gestes n’est rien devant ce que devient le dessin.
La tête en castagnette éclatée d’hits pla
Nétaires serre orbinaute les dents glo
Balement [global thinking 40]
À fond les manettes, à démonter et remonter, à visser sans fin, à y aller fort dans le sens des flèches, à genoux, à l’avoir au virage, à ne pas le rattraper au tournant, à producteur produisant production de plus en plus pauvre, à hyper-entrepreneur de plus en plus riche, les choses sont des activités humaines. Les traits noirs de la ligne générale ajustent les faits sociaux comme des choses. L’inscription annonce l’éternel retour de l’aliénation. La pataugeoire orchestre un barbotage régi par un baron perché sur un verre à pied à coulisse.
L’enclumeur comique il cloue ses beats de King
Kong stratosphérique exorbité klang bing
Bang [impression rave celtique 123]
Tous-les-hommes-ne-sont-pas-plans découlisse ad libitum. Comme un instrument de mesure atteint l’intérieur d’un perçage, un homoncule fait un percing dans une éponge de béton. La pelouse autrefois verte de propagande quadrille un terrain à bâtir. Les prêts poussent au carré au rythme des bénéfices. Les systèmes bancaires durcissent leurs réglementations et renforcent leur marge. L’abreuvoir des flux financiers prend ses pattes à son cou. Il y a un courant contraire qui fait imploser les coffres. De vieilles taupes ressurgissent de terre. « Tu m’as dessiné un bien beau plan-programme » disent à Michel Herreria, Charles Fourier, Roland Topor, Saul Steinberg, Nathalie Quintane, Jérôme Mauche, Nicolas Corfias et Christian Prigent La Vie moderne.
Le propre des plans et des programmes, c’est de ne jamais les respecter. [Rires.] Et puis, ce qu’il y a aussi, c’est que je travaille sur plusieurs projets en même temps.
[Georges Perec/Bernard Pous, 20 mars 1981]
Le décervelé lessivé new age broie du noir. Des inscriptions à la craie Greenland turlupinent les citoyens évidés. Elles font des pitreries qui font rire le tableau noir. Un trader idéologique joue au leader. Éclairer une politique culturelle au présent ne tient pas au parfum d’une lampe catalytique. Toute action est l’expérience d’un langage. Entre des ajusteurs du social qui ne disent pas leur nom et un chiffon qui lamine les mots sous leur pression la différence de Paroles creuses de circonstances.
pi
Tié. Car l’hic politique ici c’est qu’on sait
Xa capote à la fin toujours [La France : Gorgias 2011, 33]
Une exposition de peintures sur papier ne fait pas la révolution, elle fixe des traits d’esprit et de crayon colorés. Elle énumère des attitudes, des analyses concrètes de la situation concrète, des comportements ici et maintenant, des « d’où je parle » et « d’ où je déparle », des chants d’enthousiasme collectif et des refrains d’apathie individuelle, des vies de femmes et d’hommes qui finiront bien par bien vivre à force. Un substitut proclame des paroles qui montent en surface un autre mur des Fédérés. Les communards qui ressuscitent s’habillent en perroquet. Leurs drapeaux tracent au ciel un réseau d’éclats multicolores mais sans la couleur du sang. L’acte de parole prend forme là où la parole se fait acte.
Sois star : le rouge au sexe est un appel à
La transparence explicitement ou la
Lèvre [rouge baiser 56)
Le dessinateur n’est pas entré dans le support de papier tête baissée comme le fameux demi de mêlée béglais. Il traverse sans réserve le terrain d’un poteau à l’autre pour faire le but et venir à la rencontre du supporter –l’admiratrice. La ligne de milieu de terrain n’entraine aucune règle particulière. L’instant d’une tape en touche prend le contrepied de la mêlée, l’art de toucher le ballon rature l’énoncé performatif. Coups de pied de volée ovale, prises de main dans un carré, annulent la pénalité. Nulle mise à plat du politique n’aplatit le geste artistique.
musi
K & fondu pub flashé body art des peaux
Sur l’actu tatouées space ou all over i [Cissé en chauve-souris 72 ]
L’APRÈS-MIDI D’UN PHONE
Michel Herreria, Paroles creuses, dessin
24 mai 2012