Brigitte François | Sans la Joconde

Louvre, salle des États
Fléchage depuis la Victoire. « De toute façon, tous les chemins mènent à La Joconde »
Houle, foule
Flash, déclic, vérification, pixels fous.
Japonaises au sourire niais en superposition, pour la photo. Flux, reflux
Demi-cercle votif. Brouhaha Babel.
Rires, déclencheurs, autoportraits de téléphone. Grands écrans d’ipad.
Sac à dos, bousculade, toupie. Errances.
Lumière zénithale, presque plus vraie que soleil.
Pousser, se glisser, approcher, approcher. Chute verticale.
L’homme au gant, là, derrière, pensif, serin, impassible, sublime.
Sens unique, sens interdit. Pas par là.
Minuscule enfant japonais, sur roulettes. Pas concerné.
« Here it is, Mona Lisa ».
Attention aux pickpockets, en dix langues + un croquis… pour illettrés ou pour qui , dont la langue dépasserait l’imagination ?
C’est kça ? doute, déception. Mona hautaine.
Plus près, plus près, de face, de dos, houle.
Envie de photographier les regardeurs, les photofieurs.
Explications en japonais, éventail rouge, commentaires espagnols, italiens.
Tableau monumental qu’elle regarde, lointaine… jalouse ?
Cheveux rouges, chapeau noir, cheveux noirs, pas de chapeau. Epaules tombantes, bras ballants s’élevant, brutalement, pour une photo de plus.
Suivez mon panache papier.
Plein de place, facile de s’approcher des autres œuvres, louvoyer, personne autour.
Titi sans Gros Minet sur dos de fillette.
Aux murs, femmes replètes et bébés gras, hommes sombres, austères.
Béquilleur bancal, envolée d’anges.
Arrivée d’un groupe d’enfants, contrés sur les Noces, enfants de l’ennui au bord du rang, serrés comme pingouins sur banquise. « On en entendant parler dans tous les mariages, de ces noces. Ils pourraient changer d’inspiration, les curés ! »
Marée descendante, laisser le reflux m’emporter.

1er février 2012
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