Démence
Dans les années quatre-vingt - oui, tandis que Robert Heineken fabriquait les images de la série Recto/Verso - les Etats-Unis donnaient l’estocade finale aux Soviétiques dans cette course à l’armement absurde, l’objectif déclaré alors, notamment par l’administration Reagan, était de doter les Etats-Unis d’un arsenal qui leur permettrait de faire face à deux guerres mondiales de front. Oui, deux guerres mondiales de front.
Cette démesure est encore visible, non seulement dans l’actuel budget grandiloquent de l’armée américaine, mais aussi vue d’avion dans un des déserts du Sud-Ouest américain, qui sert de cimetière à tous les appareils de l’US Air Force, l’endroit ayant été choisi pour sa très grande sécheresse, idéale pour éviter que tout ce matériel coûteux ne rouille, parce qu’il faut bien l’admettre, les militaires américains ont, malgré tout, le sens de l’économie et gardent jalousement ces vieux coucous dans ce cimetière - le terme exact est ossuaire - qui pourrait faire office, si les circonstances le commandaient, par exemple trois guerres mondiales, que l’on n’aurait pas prévues, de front qui plus est, d’immense magasin de pièces détachées. La démence de tout cela.