Dita Kepler. Journal du silence / Journal de la lutte.
Décor, arpenteuse, serveuse, cliente et catcheuse, mur, lierre, sol, prête-nom … Dita Kepler, qui est à l’origine mon avatar sur Second Life, existe depuis 2009 sous des formes diverses. Elle apparaît de temps à autres lors de lectures publiques, mais très rarement sous forme de texte (deux exceptions : ici et là).
Virtuelle, elle se déplace dans des lieux réels en utilisant la métamorphose. Généralement, elle se transforme en pans de décor. Ce qui la pousse à avancer ? Le bruit environnant, qui l’empêche de penser, et l’objet du désir, croisé au Cent Quatre, vers lequel elle avance, lui-même soumis à transformations. Il n’est probablement pas unique et on ne sait à quoi il ressemble, à chacun de se faire son opinion.
Dita Kepler ne possède ni frontières, ni limites. Son corps, sa pensée et le monde se confondent, d’où les états de confusion dans lesquels, de temps à autres, elle se trouve : moi divisé, sensation de trop grande proximité avec ce qui l’entoure, erreur sur la personne, capacité peut-être incontrôlée à jouer les passe-murailles, corps élastique...
Elle tutoie son cerveau, si le mot de cerveau a un sens pour elle.
Elle tutoie également l’objet du désir, même s’il est multiple.
Ce qui l’intéresse, la fait évoluer, comme on dit, c’est le passage constant et dans tous les sens de l’un à l’autre : pensée, désir.
Ici, pour une fois, elle évolue dans un lieu virtuel : Twitter. Ce n’est pas moi qui en ai décidé ainsi, mais Pierre Ménard, lequel, lors d’une lecture croisée avec Thierry Beinstingel pour les dix ans de remue.net, m’a entendue dire, à propos de Dita Kepler : qui veut s’en empare, ce qu’il a fait en ouvrant un compte un compte à son nom (l’avatar, ou vignette représentant Dita Kepler, a été dessiné par l’une de ses filles).
Six mois plus tard, lorsque je m’en suis aperçue, il m’a donné les codes d’accès.
Les premiers tweets, en italiques, sont donc de lui, et les suivants de moi.
Le virtuel, ici, se nomme : arrière-salle, mur, bruit, dans ta peau, dans ta tête, dans tes bras.
Quant au terme de lutte, bien qu’il soit présent dans le texte, je le dois à Joachim Séné qui a codé les lignes qui suivent et est donc, également, co-auteur de Dita Kepler.
À noter : au bout d’un moment, la capacité à se transformer de Dita Kepler est désignée sous le terme d’anamorphose. Même si ce n’est pas précisé dans ces pages, l’objet du désir se scinde alors en deux points, A et C, qu’il faut réussir à relier : c’est l’enjeu des Anamarseilles, texte en cours, entamé à la villa Marelle au printemps dernier.
On découvrira ici que Dita Kepler n’a pas (et c’est logique) la notion du temps.