Le fleuve Gingin, un conte palachinois de Beno Wa Zak
Après ¡Ay ! Mi amor. De la atracción a la capitulación : El teatro ambulante de Benito Jacobón, poète ibérique peu connu, voici Le fleuve Gingin de Beno Wa Zak, conteur aussi peu connu, traduit du palachinois par l’honorable Benoist de la Jaquette.
L’honorable lectrice de Beno Wa Zak que je suis a hésité avant de parler du Fleuve Gingin sur remue.net qui, vous le savez, est consulté jour et nuit par d’innombrables lecteurs assoiffés de textes rares ou curieux, ou les deux. En effet, Le fleuve Gingin n’est tiré qu’à trois mille exemplaires sur les presses de l’imprimerie Grafiche Milani « battues par les pluies de l’automne » et peu de jours s’écouleront avant que s’organisent de gigantesques chasses au Pioung Fou… Aussi n’hésitez pas à vous le procurer au plus vite chez votre libraire ou directement auprès de l’éditeur.
D’autant que certains érudits vous auront précédés : ceux qui ont lu L’Auberge de Tinong Binong et La Forêt de Liang Gang Niang, les deux premiers volumes de la saga intitulée La légende de Pioung Fou, du même Beno Wa Zak, auteur pourtant quelque peu nonchalant que son éditeur ne lâche heureusement pas d’une semelle.
Ce conte s’adresse à tous les publics, jugez-en :
grâce à l’Index en fin de volume, les enfants avec ou sans parents se familiariseront avec le vocabulaire palachinois de base qui leur sera indispensable quand ils partiront, sac au dos, faire le tour du monde
grâce à la note de la page 24, les gastronomes avec ou sans enfants apprendront la recette du miam, quelques pages plus loin que la Wokouk, prestigieuse école de cuisine, est seule à même de leur enseigner les 1783 façons de préparer le riz selon la tradition palachinoise
les amateurs et amatrices de pêche sportive sauront tout de la migration des saumons fumés à contre-courant du fleuve Gingin (et pourquoi ils sont fumés)
les fumeurs et fumeuses, puisqu’il en est question, se réjouiront de savoir l’origine et le sens de la phrase « mon wen est tombé ! »
— sans compter les écrivains en herbe ou en floraison qui liront avec crainte et stupeur ce que sont les relations tumultueuses entre un auteur (Beno Wa Zak) et son éditeur (Benoît Jacques), ce qu’il en est des affres du travail littéraire (un méchant est-il nécessaire dans un conte ?), qui verront avec quelle détermination, surmontant sa catastrophique situation matérielle (pluie qui tombe à travers le toit, etc.), Beno Wa Zak, à peine parvenu à la fin de ce volume, envisage déjà les suivants.
Les autres — mais qui reste-t-il ? — apprendront comment on fabrique les tongs, ce qu’est une S.C.R.O.L. (une Société Communautaire Réellement Ouverte et Libre), quel est le principe de fonctionnement d’un monte-charge en osier capable de descendre ou monter à quatre cents mètres de profondeur
— sans compter la découverte des histoires palpitantes de la célèbre Mini Min ou du non moins célèbre, mais pour des raisons opposées, Wing Gang.
Enfin les derniers — les plus nombreux : ceux qui n’ont ni parents ni enfants, qui ne cuisinent pas, ne fument pas, ne pêchent pas, n’écrivent pas — liront à en perdre l’haleine et le sommeil les aventures du vieux sage Ping Lon Bû et de son jeune disciple Pioung Fou et comment ils délivrèrent les enfants esclaves des grottes de l’affreux Yhiyû avant de s’en délivrer eux-mêmes, comment ils naviguèrent sur une feuille de nénuphare [sic] sans se noyer dans les terribles remous du fleuve Gingin et échappèrent aux effroyables tourbillons d’une chute d’eau « d’au moins cent mètres » grâce aux nageoires caudales des saumons fumés précités…
Nos deux héros sont-ils enfin sauvés ?
Pas pour autant… car le fleuve Gingin se jette maintenant dans la mer au pied d’un volcan monstrueux : le fameux Yim Chî Tsu situé aux antipodes de la montagne de Jade ruisselant où ils se rendent…
Et alors ? Et alors ?
Hélas l’angoisse serre à ce point la gorge de l’honorable lectrice qu’elle n’a pas encore trouvé le courage de lire la fin… Vous me raconterez.