Mars 2015 - 2

L’imaginaire est un mot d’usage et de destination incertains : placé à mi-chemin du concept et de la sensation, il désigne moins une fonction de l’esprit qu’un espace d’échange et de virtualité.
G. QUINSAT, « La création littéraire. L’imaginaire et l’écriture », in Encyclopaedia Universalis, Les enjeux, 1990, p. 401.

20,21 22-03-15
Poésie - Les nuits et les jours de Querbes
Une méhari orange vient me chercher à la gare, m’entraîne par des routes en lacets. On oublie, en vivant dans une grande ville, l’éclaboussement étoilé du ciel.
Le ciel d’étain au ciel de cuivre
Succède. La nuit fait un pas.
Les choses de l’ombre vont vivre.
Les arbres se parlent tout bas.
V. Hugo, Nuit
Dans la demeure de Jean-Paul Oddos, le silence s’entend, s’écoute. Nous faisons connaissance. La rencontre, phrase après phrase, nous tient éveillés - il faut être deux pour découvrir son humanité, que quelque chose s’invente.
Ni l’un ni l’autre mais la tierce du langage.
La buche soupire - où donc sommes-nous ?
A Galgan le lendemain, rencontre avec une classe de CM1-CM2. Les oiseaux bavardent tout autour de nous. Les enfants rient, ils questionnent - je redécouvre la source vive de questions qu’est un enfant. Un poème s’écrit au tableau - vrac du désir, magie du mot à venir qui vient s’inscrire. Ils seront, me confient-ils, écrivains, tireur d’élite, agriculteur, institutrice et comédien... Ils n’imaginent pas, affirment-ils, ils seront. Ce qu’ils disent engagent tout l’instant, tout leur être. Leur présent est un "futur impératif".
Le lendemain soir, lecture au coin du cantou. Musique, poésie et le feu et la soupe délicieuse, chaleureuse. En deux jours, parce la beauté se promène tout autour de moi, me pénètre, réalité du dedans et réalité du dehors oublient leur tension.

24-03-15
« L’imaginaire unifie ce qui semble être séparé : le passé, le présent et l’avenir ; l’espace et le temps ; la naissance et la mort ; l’amour et la haine ; le stable et le mouvant ; la pensée et l’action ; la reproduction et la création » René Barbier

24-03-15
Imaginez que le minimum dont vous ayez besoin pour vivre représente 100 % de votre revenu[1]. Le minimum, c’est ce qui vous permet de vous loger, de vous nourrir, de vous habiller et sans loisirs que vous devez payer, que des loisirs que vous pouvez avoir sans dépenser obligatoirement de l’argent. Donc :

A - en travaillant 3 jours par semaine, vous touchez 100 % et vous couvrez le minimum de vos besoins pour vivre. Mais vous avez 2 jours en plus du week-end dont vous pourrez profiter pour vous.
B - en travaillant 4 jours par semaine, vous touchez 133 %, ce qui vous permet d’avoir quelques loisirs (que vous pouvez payer), de partir en vacances et peut-être d’épargner un petit peu. Mais vous avez 1 jour en plus du week-end dont vous pourrez profiter, pour vous.
C - en travaillant 5 jours par semaine, vous touchez 166 %, ce qui vous permet de partir normalement en vacances, de choisir vos loisirs et éventuellement d’investir et d’épargner. Et vous avez les 2 jours classiques de week-end.
D - en travaillant plus de 5 jours (heures supp. ou autres), vous touchez plus, voire bien plus de 180 %, ce qui vous permet d’investir, de vous enrichir plus que de normal et de devenir facilement propriétaire. Mais vous n’avez pas un week-end complet et vous n’avez pas toutes vos soirées en semaine.
Partez maintenant du principe que vous êtes dans une société et un système où l’on vous donne le choix et qui fonctionne de la sorte, sans problème de chômage. Donc, pas de craintes concernant l’emploi. De plus comme ce fonctionnement est la norme, il n’y a pas de jugement si on ne travaille que 3 jours. Qu’on travaille 3 ou plus de 5 jours, c’est « normal » et parfaitement accepté. Il est important que vous intégriez ces données.

Alors, au moment où vous vous mettez à travailler, si on vous proposait de choisir, quel choix feriez-vous ? Le A, le B, le C ou le D. Prenez le temps d’y réfléchir et de poser le pour et le contre. Il n’y a pas de bon ou de mauvais choix. Il n’y a qu’un choix qui est censé vous correspondre.

Texte tiré de Devenir auteur de sa vie, pp 172-173, David Lambert, Zigues Editions, 2012

25-03-15
Entretien (impromptu) avec Ali, patron de bar.
Entre deux souvenirs de l’enfance algérienne, de son parcours professionnel, il me fait mon portrait astrologique. Nous sommes écrits par le ciel. L’infini contient l’inexpliquable.

26-03-15
Mon banquier me pose des questions sur l’évolution de mon roman, de ma résidence. D’un mot l’autre, il évoque Arras, petit royaume de paix qu’il regagne chaque soir après une journée de gestion de dossiers de surendettement (ai-je dit que nous sommes à la Goutte d’Or ?). J’apprends qu’il pratique le Taï-chi (littéralement "boxe du faîte suprême" ou "boxe avec l’ombre"). Entre les digressions, il se concentre sur mon dossier. Il vérifie, revérifie — il me semble que les post-it (qu’il tient à coller afin que je ne me trompe pas) ne me concernent pas totalement.

Mon banquier, ce matin, à la tête ailleurs.

27-05-15
Christophe Dejours
Article
Vidéo

5 mai 2015
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