Michel Thion, Le Dit du sablier

Le Dit du sablier reprend, amplifie, creuse, varie la douleur de Ils riaient avec leur bouche.
Ce n’est plus la douleur dite par une voix seule dans son énonciation. Mais des présents, des infinitifs : ils disent ce qui advient sans « je ». Le lecteur est alors tout un chacun qui entend, écoute, voit, regarde les mondes et les relations être dans leurs durées ; nous dans un monde minéral, nous comme minéraux froids, crissant.

Vivre
un grincement de dents
le dit du sablier

Dans ce monde la douleur est sans gloriole, sans réclamation, sans marchandage.

Lent cheminement
de la flèche
vers la douleur

Dans ce monde le temps peut être ralenti, accéléré.

L’eau du temps
coule
un enfant aux cheveux blancs

On est déplacé en lieu étrange.

Ressac
immobile
des oiseaux de cendre

Il n’y a rien à tirer de cela.
C’est sans leçon.
C’est à réentendre et garder près de soi, en soi.

Un vent de pierre
vient mortel
du large, lent

Ainsi entendre l’impersonnel, écouter et énoncer à partir de l’impersonnel peuvent agrandir la sensibilité. C’est une des voies possibles. On peut noter cela. On peut travailler à partir de là. On peut délaisser l’ego.
On peut entendre :

Souffrir
au chant
des enfants

Voir :

Un regard
comme une pluie
sur la mer


Michel Thion, Le Dit du sablier, peintures d’Anne Weulersse, éditions Voix d’encre, Montélimar, 2006.

La postface à Lieu d’être, indique quelques relations entre Le Dit du sablier, Ils riaient avec leur bouche et d’autres recueils de Michel Thion.

Un article de Dominique Dussidour sur Ils riaient avec leur bouche.

L’actualité de Michel Thion sur son site.

8 février 2007
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