Rosanna Puyol | S’agit-il du vol

Rosanna Puyol (née à Paris en 1991) est poète et commissaire d’exposition basée à Londres.
Publiée dans les revues Watts (#2 Septembre 2105), Place de la Sorbonne (n°4, 2014) et Revers (n°1 et 2, 2012 et 2013), elle est aussi l’auteur de plusieurs catalogues d’expositions. En 2015, elle a organisé le programme de performances Les pieds poudrés au Carreau du Temple, Paris, les expositions A reader turns into a letter, 73 Ladbroke Grove, Londres et Tara has no rooms inside, Unit 1, Fountayne Road, Londres.


 

S’agit-il du vol
évanouie que venue
vite
je ressemble étonnamment

torpeur
relecture de l’injonction fond de voile
le fond de l’air
touché

nous avons peine à peine traversé
le traffic est tel

 

Chacun

Je marchais sur la plage quand soudain
sorti de l’eau
souple et essentiel
tout un chacun

c’était un être plein d’espérances

il se dirigeait depuis l’eau vers le centre ville, espérant y trouver une occupation

il avait à cet effet des mains agiles et jambes rapides, épaules dociles un dos solide.

La tête fraîche, chacun avait les pensées humides.
Il en souhaitait chacune. Et je me présentais. Il me pressa la poitrine. Il me
dévisageait, la bouche, le nez me quittaient. Déjà chacun changeait et devenait
quelqu’un, à son tour il se précisait.

Le long du trottoir coulait de l’eau, quelques miettes de cornet flottaient

“Je sais où c’est, c’est juste à côté”, chacun écoutait sa prochaine conversation.

 

s’agit-il du vol
lointain intérieur
qui je su
de ses mouvement liquides
je passais du jour à la nuit
comme un pli du pays

un papier odorant au dedans :
espace rassurant
remue du passage entre les arbres
et forme un voyage verrouillé
reconnaissant au gouffre

s’agit-il du vol
lointains intérieurs
qui je su d’un mouvement pénible
passais du jour à la nuit
comme un pli du pays

du papier odorant au dedans :
l’espace remuant du passage entre les arbres
forme un voyage verrouillé
reconnaissant au gouffre

 

s’agit-il du vol
pardon mais
agit-il
la perte des rituels
supplément existant - première personne

phase contenant la phase contenue
conservation et consommation
un spectacle de suites, de plis, coins souples, bords
un film de tissus, raccords
récit le long de la fibre animale
lors du nœud il s’assit en marge du pas des doigts

 

J’organise une lecture jeudi matin, vous êtes tous les bienvenus,
jour de marché

Sébastien participe avec ses enfants,
mesure du cerveau pratique

en bout de crique au bord du cirque
jonglent lettres et têtes
la tête d’une lettre gonfle et se tord sous le poids de l’air
elle prend des airs étranges de coquillages étrangers
B semble une huître un jour que l’on prendrait L pour grotte
on lit toujours la lettre, comme une ampoule qui éclaire de toute façon

un œil coup de grotte je vois les parois sculptées de mains tranchées de la Langue,
de la Loi, de la Laverie et du Limon. Les os du centre vide, un feu de ceux-là comme
lui assomme, paysage transpirant et ruisseau piégé.

 

le vampire est amoureux
uniquement entièrement très sincèrement
il est entouré de sa famille, elle se crée indifféremment aux liens du sang
les bons amis

personne ne s’est aimé autant avant
quelle chance de s’être trouvés

les yeux sont bleus, aiment la nature et les animaux
chacun a besoin de protection
le monde est incertain
seul l’amour entre vous et moi

 

s’agit-il du vol

les yeux longs poussent aux lettres

cela l’a peut-être même rendu joyeux

 

un groupe de prisonniers devant la cheminée
tous bleus à l’arrête claire
près des bois de la mer et du soufflet

s’agit-il du vol
évanouie que venue
vite
je ressemble étonnamment

torpeur
relecture de la phrase au fond du voilier
le fond de l’air
touché
nous avons peine torpeur

10 novembre 2015
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