Sky Link
Pitch
Le personnage principal : un homme d’une bonne quarantaine d’années, ingénieur. A eu une maladie grave dont il est en rémission. Sa femme l’a quitté. N’a pas d’enfant. Le roman commence au début d’une mission habituelle : tous les ans, il dirige le lancement d’un satellite de télécommunications. Traversée du Pacifique jusqu’au lanceur, un ancien puits de forage. Le lancement réussit. Mais événement exceptionnel, le site subit la chute d’une météorite alors qu’ils ont quitté le pas de tir depuis quelques miles. Il filme le tout avec une caméra personnelle à bord du bateau qui reconduit l’équipe sur le rivage. Le bout de film va se retrouver en boucle sur toutes les chaînes, captées via le satellite dont le lancement a réussi contre toute attente. Au grand dam des sociétés liées au lancement. Une enquête en interne est ouverte pour savoir qui a mis ce film sur les chaînes. Le personnage principal est sous la houlette des patrons…
Incipit
Il passe par le tambour de la porte d’hôtel et frissonne dans l’air soudain climatisé. Ejecté vers le lobby, il est traversé de pensées inutiles, comme celle de trouver le nom de la mission Sky Link sans imagination. Tous les ans, cela change. L’an passé, c’était Blue Zenit. L’anglais international de ces groupements de sociétés, parmi lesquels on trouve certes des entreprises américaines, mais aussi, une européenne, une russe, des chinoises, devient une langue de plus en plus fade. La toute première fois, la mission était intitulée Alpha & Omega. Du grec international, curieusement cela lui avait plu et cela n’avait pas été sans incidence sur sa décision de répondre à l’offre d’emploi passée en interne dans le grand groupe auquel il appartenait. Comme si ce commencement et cette fin déistes avaient soudain fait sens sur son écran d’ordinateur. Mais à l’époque il avait commencé sa phase de rémission et sans doute avait-il besoin de signes.
Les hôtels de Long Beach se ressemblent tous, ont adopté des standards communs à la fois pour l’orientation des immeubles vers l’océan Pacifique, l’épaisseur des moquettes dans les chambres et les couloirs. Temps de crise et doutes qui assaillent probablement sa hiérarchie, les fenêtres de sa chambre ne donnent pas sur la mer mais sur un sas technique occupé par des conduits bétonnés, que masque en leur hauteur un gravillon triste. Une touffe de mauvaise herbe de ci de là. On aurait envie de les arracher. Voilà une semaine qu’il les voit prospérer. Une semaine de réunions stratégiques d’abord puis techniques sur le prochain lancement. Elles ont lieu dans des salles de leur hôtel ou parfois dans les bureaux de la compagnie américaine qui affrète le bateau. Une navette les conduit de down town au harbour, au port lui-même. Le contraste est net entre ce qu’ils voient depuis les baies vitrées de leur hôtel, les grues qui se détachent en ombres esquissant des profils de dinosaures, sur des couchants de cartes postales, et puis la réalité des docks, leur tumulte, à quoi s’ajoutent les bruits des travaux de rénovation du port récemment entrepris.