Un texte inédit de Martin Rueff
Martin Rueff nous a confié ce poème inédit qui vient éclairer notre lecture de son dernier livre comme si quelque publié aux éditions Comp’Act. [SR]
I looked at my watch, which goes very well, and found that it was but six o’clock ; and still thinking it something extraordinary that the sun should rise so early, I looked into the almanac, where I found it to be the hour given for his rising on that day. I looked forward, too, and found he was to rise still earlier every day till towards the end of June ; and that at no time in the year he retarded his rising so long as till eight o’clock. Your readers, who with me have never seen any signs of sunshine before noon, and seldom regard the astronomical part of the almanac, will be as much astonished as I was, when they hear of his rising so early ; and especially when I assure them, that he gives light as soon as he rises. I am convinced of this. I am certain of my fact. One cannot be more certain of any fact. I saw it with my own eyes. And, having repeated this observation the three following mornings, I found always precisely the same result.
Benjamin Franklin, Daylight saving, to the authors of the Journal of Paris, 1784
1. Paper cut
estafilade dans l’arrière fond
et les dix arbres de saint Thomas enfoncés dans le soir
pour toute preuve du pur pur violaçant
alors au double tranchant du soir
(l’étoile du matin, ma Vénus, est l’étoile du soir
Sinn und Bedeutung again et nous dans la tour)
je me suis laissé dire
laissé dire
ce qui se signale à
notre présence
c’est pour la forme
ni pour du leurre
ni pour de beau
mais pour la forme
nonces du matin
qui tissez les hardes du soir
avant la lettre
votre enveloppe taillade en finesse
2.
Mantes électriques
abdomen de baigneuses
blanc et rouge
remontées de quelle plage
prophétesses droites dans le soir
pinçant les fils d’étendages
de nuages lessivés nids d’abeille
- quels plongeurs lourds
pour viser le rubis de vos fronts ?
quels terroristes
à portée de partition ?
plus bas le sexe des femmes
à l’écartement des branches
au péage
avant l’ordre des lignes blanches
la zone grise de bémol muet
de bitume amolli
où chacun est doublé rabattu perdu
alors
tu entreprends le chant
sous l’œil des hautes dames
dear je me suis laissé dire
3.
A bras les corps
raccourcis
et vif et vive
et fervescents
et cadra
et cadra pas
et croise
et croise tes mes doigts
mes tes quoi ?
décadra décadra pas
affectifs défectifs
nous nous laisserons dire
nous
autant que
nous
sommes
nous
nous
laisserons
dire
faudra
stupéfaire
avant de
forclore
avant
de
malfaire
et vif
et vive
et fervescents
4.
Au fur la nième est sans mesure
et l’idée d’infini
en moi
moins nombreuse que tes fossettes
« nichées d’amour » disait l’antique
et toi :
« tu poses moi
et je retiens deux »
oh my dear je te le laisse o my dear
5.
nuit des amants
loi du talion
tout ce qui fut vu disparut
œil pour seuil
lumière crue à dos de lune
mangeuse d’ongle
dans pour dent
poète préposé au
poème de la préposition
tu récites :
à deux pas
pour sang
après la descente en flambeaux
nuit dévoreuse de creux
un larcin pour refermer
le livre des comptes
de présomption d’innocence
nulle
6.
comme en terrain vague de jadis
les circonstances s’atténuent
justice du soir
couverture des trames
négociations secrètes
comme l’inquiétante fougère d’enfance
en apparat sombre
la crainte de la forêt
de rien d’autre que la forêt
et ce soir, Actéon, cour d’appel
et plus loin parmi les seuls
au bord des seuls
en cassation mais
demain
demain
il faudra tout rejuger
par cœur
7.
Le poème commencerait par
« ils riaient sous la pluie
sous la tente éboulée
sous la voûte écroulés »
et finirait par
« la vie est passée par
ici
elle repassera pas par
là »
le poème commencerait par
« il y a longtemps qu’ils s’entraiment
et jamais ils ne s’oublieront
Sauf quand …
le soir au balcon
impérissables
immanquables
incontournables
maîtresse des maîtresses ô toi..
PER SEMPRE »
et finirait par
« j’ai la mémoire qui ….
Je me souviens
j’me souviens plus
- très bien »
le poème commencerait par
« comment dit-on en français ? »
et finirait par la nouvelle tâche du traducteur
« le soir met de l’or dans son vin
chaque nuit au même drap
ENSEMBLE
nous n’aurons jamais dormi
ENSEMBLE »
le poème commencerait par
« c’est toi qui as commencé »
et finirait par
« c’est celui qui dit qui l’est »
Martin Rueff
Octobre 2006