Vincent Tholomé et Maja Jantar | Conquête du pays Ugogo
<-------- LE FLEUVE
<–––– ici, SOYONS HARDIS, SOYONS ARDENTS, a dit le général,
et : oui et oui, avons-nous dit, nous autres, sa troupe, rudes gaillards, rudes gaillardes, SOYONS ARDUS, SOYONS TÊTUS, avons-nous dit, puis avons, ainsi et comme ceci, chargé nos linges, nos cargaisons de savons et de sent-bon, avons alors remonté le fleuve, sommes entrés, joyeux, dans l’inconnu, le grand et mystérieux PAYS UGOGO, c’était 12 et 7 fois après avoir porté à nos lèvres nos bols, c’était 12 et 12 temps d’éternité après le pendant encore
<–––– ici, SOYONS NUS ET SOYONS NEUFS, a dit le soldat Boïski,
c’était avant les grands fauves, s’égaillant partout, rieurs, puis nous nous sommes planqués, nous autres, toute la bande, toute la troupe, dans les grottes, les interstices, les petits plis de la terre, avons ainsi et comme ceci passé 8 et 8 fois 15 et 13 temps, avant de naître, de revenir au grand jour
<-------- LES GROTTES SOUS LA TERRE
LE PETIT POINT TRANQUILLE -------->
<-------- LES GRANDS LACS
<–––– que 10 et 12 fois il soit ici rappelé qu’assis en tailleur,
immobile à l’avant du bac, Camion, l’enfant balèze n’a guère, durant toute la traversée, desserré les mâchoires, a peu regardé les ondes tranquilles, n’est jamais descendu en bas, tout en bas, dans les cales, les cabines, la salle des machines, tenant, lui, plutôt les paupières closes, hermétiquement closes, de peur que tout cela, les reflets du soleil sur les eaux, le spectacle des crocodiles, vigoureux et monstrueux, ne l’atteigne, lui, à l’œil gauche, le plus sensible des deux, laissant même volontiers sa part, ses rations d’huile et son hachis, au chien Jupiter, notre cher efflanqué, notre molosse jouette, tirant la langue, batifolant après les chèvres, tant tout cela, les lacs, les vents et les relents d’éléphants, de phacochères et d’éléphants, lui faisaient horreur, à lui, Camion, l’invincible, le fier-à-bras, toujours prêt, pourtant, à nous bassiner, nous autres, ses amis, fiers amis de route et de déroute, à rappeler ses exploits, ses expéditions punitives ou scientifiques, au pays des mouches ou des moustiques, ou bien ailleurs, dans les sombres contrées, chez les grands animaux noirs, chez les choses rampantes et grouillantes, chez les choses inoubliables, disait-il, Camion
LE CHEMIN DANS LE CHAMP DE LAVE -------->
la lave ardente et sa vapeur ––––>
<–––– avons surtout, encore et encore, ici, somnolé, glissé nos popotins,
8 et 8 fois 15 font ce qu’ils font, nos arrière-trains d’enfants bien nourris, dans nos hamacs, chutant, nous autres, en long, en large, et dans les grandes profondeurs, dans un demi-sommeil sans rêve, bercés, nous autres, les intrépides, par le roulis, le beau chant des culasses, montées et remontées, le cri des vis huilées, le temps passé à préparer nos pétoires, ou bien alors nous nous sommes élancés, dans les failles, nous pourchassant pour du beurre, et nous lançant dans des batailles improvisées, largement improvisées, à coups de polochons ou de serviettes de bain, trempées, bien imprégnées de saumure et de petit café sans sucre
AU PAYS DES SINGES
CHEZ SA MAJESTÉ BILIBI -------->
<–––– c’était quand nous nous roulions dans la boue,
la soue des buffles et des zèbres, la poussière fine des gnous, c’était quand nous construisions jour après jour nos nids, nous déplaçant dégingandés en bande, terrorisant les poissons, les grands saumons du coin, leur balançant du haut des arbres nos vieux boutons, vieilles pièces de cuir, totalement indigestes, nos restants d’uniforme, c’était quand nous sortions nos pipes dans le soleil couchant, dans les roses et dans les bleus des nuages, bourrant nos tubes et nos tuyaux de papyrus, de chanvre et d’arbre à thé, de tout ce qui pouvait, au fond, de loin ou de près, ressembler, sentir et ressembler au tabac chéri, au bon vieux gris des familles, fumant nous autres durant des heures le calumet, nous le passant de main en main, tirant des plans, des stratégies, les exposant fiévreusement, avec patience, au roi, à l’empereur singe, sa majesté BILIBI, NOUS, NOUVELLEMENT ÉMOULUS, SORTIS ENFIN DE NOS GANGUES, a dit le lieutenant Gagarine, et : oui et oui, avons-nous dit, nous autres, le restant de l’armée
<-------- NOTRE VIE DANS LES ARBRES
<–––– arbre du général arbre du roi Bilibi ––––>
<-------- ICI NOUS REPRENONS LA ROUTE
ET NOUS DISPARAISSONS À LA SOURCE DU FLEUVE -------->
<–––– ici, SOYONS HARDIS, SOYONS ARDENTS, a dit le général,
et : oui et oui, avons-nous dit, nous autres, sa troupe, rudes gaillards, rudes gaillardes, SOYONS ARDUS, SOYONS TÊTUS, avons-nous dit, puis avons, ainsi et comme ceci, chargé nos linges, nos cargaisons de savons et de sent-bon, avons alors remonté le fleuve, sommes entrés, joyeux, dans l’inconnu, le grand et mystérieux PAYS UGOGO, c’était 12 et 7 fois après avoir porté à nos lèvres nos bols, c’était 12 et 12 temps d’éternité après le pendant encore
<–––– ici, SOYONS NUS ET SOYONS NEUFS, a dit le soldat Boïski,
c’était avant les grands fauves, s’égaillant partout, rieurs, puis nous nous sommes planqués, nous autres, toute la bande, toute la troupe, dans les grottes, les interstices, les petits plis de la terre, avons ainsi et comme ceci passé 8 et 8 fois 15 et 13 temps, avant de naître, de revenir au grand jour
<-------- LES GROTTES SOUS LA TERRE
LE PETIT POINT TRANQUILLE -------->
<-------- LES GRANDS LACS
<–––– que 10 et 12 fois il soit ici rappelé qu’assis en tailleur,
immobile à l’avant du bac, Camion, l’enfant balèze n’a guère, durant toute la traversée, desserré les mâchoires, a peu regardé les ondes tranquilles, n’est jamais descendu en bas, tout en bas, dans les cales, les cabines, la salle des machines, tenant, lui, plutôt les paupières closes, hermétiquement closes, de peur que tout cela, les reflets du soleil sur les eaux, le spectacle des crocodiles, vigoureux et monstrueux, ne l’atteigne, lui, à l’œil gauche, le plus sensible des deux, laissant même volontiers sa part, ses rations d’huile et son hachis, au chien Jupiter, notre cher efflanqué, notre molosse jouette, tirant la langue, batifolant après les chèvres, tant tout cela, les lacs, les vents et les relents d’éléphants, de phacochères et d’éléphants, lui faisaient horreur, à lui, Camion, l’invincible, le fier-à-bras, toujours prêt, pourtant, à nous bassiner, nous autres, ses amis, fiers amis de route et de déroute, à rappeler ses exploits, ses expéditions punitives ou scientifiques, au pays des mouches ou des moustiques, ou bien ailleurs, dans les sombres contrées, chez les grands animaux noirs, chez les choses rampantes et grouillantes, chez les choses inoubliables, disait-il, Camion
LE CHEMIN DANS LE CHAMP DE LAVE -------->
la lave ardente et sa vapeur ––––>
<–––– avons surtout, encore et encore, ici, somnolé, glissé nos popotins,
8 et 8 fois 15 font ce qu’ils font, nos arrière-trains d’enfants bien nourris, dans nos hamacs, chutant, nous autres, en long, en large, et dans les grandes profondeurs, dans un demi-sommeil sans rêve, bercés, nous autres, les intrépides, par le roulis, le beau chant des culasses, montées et remontées, le cri des vis huilées, le temps passé à préparer nos pétoires, ou bien alors nous nous sommes élancés, dans les failles, nous pourchassant pour du beurre, et nous lançant dans des batailles improvisées, largement improvisées, à coups de polochons ou de serviettes de bain, trempées, bien imprégnées de saumure et de petit café sans sucre
AU PAYS DES SINGES
CHEZ SA MAJESTÉ BILIBI -------->
<–––– c’était quand nous nous roulions dans la boue,
la soue des buffles et des zèbres, la poussière fine des gnous, c’était quand nous construisions jour après jour nos nids, nous déplaçant dégingandés en bande, terrorisant les poissons, les grands saumons du coin, leur balançant du haut des arbres nos vieux boutons, vieilles pièces de cuir, totalement indigestes, nos restants d’uniforme, c’était quand nous sortions nos pipes dans le soleil couchant, dans les roses et dans les bleus des nuages, bourrant nos tubes et nos tuyaux de papyrus, de chanvre et d’arbre à thé, de tout ce qui pouvait, au fond, de loin ou de près, ressembler, sentir et ressembler au tabac chéri, au bon vieux gris des familles, fumant nous autres durant des heures le calumet, nous le passant de main en main, tirant des plans, des stratégies, les exposant fiévreusement, avec patience, au roi, à l’empereur singe, sa majesté BILIBI, NOUS, NOUVELLEMENT ÉMOULUS, SORTIS ENFIN DE NOS GANGUES, a dit le lieutenant Gagarine, et : oui et oui, avons-nous dit, nous autres, le restant de l’armée
<-------- NOTRE VIE DANS LES ARBRES
<–––– arbre du général arbre du roi Bilibi ––––>
<-------- ICI NOUS REPRENONS LA ROUTE
ET NOUS DISPARAISSONS À LA SOURCE DU FLEUVE -------->
19 octobre 2014