Café parisien

Une photo que j’ai prise, parmi des milliers d’autres. On pourrait dire, un intérieur de café, des chaises en terrasse, une voiture en stationnement… Ce n’est pas faux, ce n’est pas ça. Des lignes (de force), verticales, certaines sombres et massives au premier plan, plus fines et claires à l’arrière-plan, d’autres encore (les plots, par exemple) ; des lignes horizontales, obliques ; des surfaces planes, des volumes ; des courbes, des cercles ; des transparences ; des reflets ; des vitres, dont au moins une, déterminante, qu’on ne voit pas à proprement parler et qui ne se laisse deviner que par des inscriptions à l’envers ; des objets ; des intersections, des fragments, surtout beaucoup de fragments… Voilà une très petite idée de ce qu’on voit sur ce cliché. Cela ne dit rien de ce qui pourrait y être représenté. Cette image, en tout cas, est « structurée » par des lignes et des courbes. La vision est construite, même si en l’occurrence cela n’a pas été le fruit d’un choix conscient et délibéré. Pour peu qu’on ait contemplé de la peinture, de la photographie, de l’architecture, on a le regard éduqué, qu’on le veuille ou non.
Une image inépuisable. Une photo qui, à mon sens, ne représente rien. Chaque fois que je la regarde, mon attention se concentre sur autre chose, qui peut être un objet, un fragment, un rapport entre plusieurs éléments, que sais-je.
Et surtout, que sais-je de la place que j’y occupe ?

2 novembre 2022
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