Grégory Rateau | Poèmes



Aussi flou que ce début d’automne
Respirant à peine derrière la cloison
Je l’écoute économiser son souffle

Présence discrète oubliée de tous
Au dernier étage de cette tour
En vis à vis de cette béance
Où je respire au jour le jour

M’écoute-t-elle aussi ?
Rassurée de cette proximité
De mon côté, je n’économise en rien mes effets
Je brûle tout jusqu’à ce temps déjà épuisé

Puis un jour son silence
Un couloir éteint malgré le retour du soleil
Il ne reste plus que moi
Le dernier homme de l’appartement 776

*

Il y a des ciels qui ne trompent pas
Au diapason de nos plus bas instincts
Mais dans ces regards affligés
Lui ne cherche que le tien

Cette alchimie du rien
Recréant l’unité par-delà son ennui
Et les années rompues
À célébrer le jour où tu es partie

Aujourd’hui, sa pitié s’étale sur la toile virale
À défaut d’un Dieu qui ne répond plus
Demain, seul ton silence consacrera
Le très haut Verbe disparu

*

Vivre dans l’attente
En "homme qui penche"
Refaire sans cesse le même chemin
Jusqu’à inverser l’ordre des jours

Et dans un éternel retour
Remiser toute espérance
Puiser dans l’absence
Les élégies des temps futurs

10 novembre 2021
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