Les libraires sont devenues des amies
Cécile Balavoine est en résidence à la librairie Maruani (Paris 13).
Après la sortie ratée de mon deuxième livre (le 5 mars 2020, seulement quelques jours avant le premier confinement), il m’a semblé pertinent de collaborer avec une librairie, parce que les libraires avaient souffert, eux aussi.
Par ailleurs, trouver une structure d’accueil pour une résidence a été le défi le plus important dans le processus. Ce n’est pas facile de frapper aux portes et d’expliquer ce que l’on recherche, quand la structure n’a jamais entendu parler de ce dispositif d’aide aux auteurs. C’est donc beaucoup plus facile avec une librairie, qui par définition s’intéresse aux auteurs.
Une amie a attiré mon attention sur le fait que la librairie Maruani était très active, et que ce genre de dispositif pouvait l’intéresser. Ça a été le cas. La librairie a tout de suite été enthousiasmée par l’idée d’une collaboration. Tout a été simple dès le début !
La résidence se passe avec beaucoup de fluidité et de facilité. Mes ateliers d’écriture hebdomadaires ont lieu dans un collège qui est tout près de la librairie et j’ai donc l’occasion de venir dire bonjour et discuter très régulièrement. Par ailleurs, j’organise / nous organisons des rencontres d’auteurs à la librairie, en rapport avec le thème de ma résidence, et des ateliers d’écriture adultes une fois par mois, ce qui nous a aidées, les libraires et moi, à créer un lien. Elles m’ont vraiment accueillie avec beaucoup de chaleur et de naturel, et j’ai désormais l’impression d’être un peu chez moi dans ce lieu. C’est très plaisant. Elles me soutiennent, sont ravies quand un atelier ou une rencontre se passe bien. Cela fait du bien de pouvoir organiser des événements qui ont un sens par rapport à mon travail d’auteure. Je me sens aller dans le sens de l’écriture – c’est-à-dire que cette résidence me permet de m’ancrer en tant qu’auteure et de moins m’éparpiller avec d’autres activités qui en sont un peu plus éloignées. Par ailleurs, je n’avais jamais construit ce genre de lien avec une librairie auparavant.
Les libraires m’apportent beaucoup de conseils de lecture, elles me font savoir quand sort un livre en rapport avec mon sujet, ont parfois même fait en sorte qu’une signature qu’elles avaient prévue puisse se coupler avec une rencontre d’auteurs que j’organise autour du thème de la musique. C’est une vraie collaboration.
Les rencontres ne sont donc pas nécessairement autour de l’actualité littéraire d’un auteur mais autour d’une thématique présente dans son œuvre, ou même au-delà. Par exemple, Éric Reinhardt est venu parler de son activité de librettiste (Opéra Comique, Bastille), car je trouvais que le lien entre son amour pour l’opéra et son travail d’écrivain était un thème intéressant, même s’il n’en parle pas de manière directe dans ses romans. Par ailleurs, il n’avait pas d’actualité littéraire particulière au moment de sa venue. Ce qui a été le cas de plusieurs auteurs invités.
Bien sûr, je comprends de manière beaucoup plus concrète le rôle crucial que joue un libraire, notamment dans la promotion d’un livre. Je suis aussi complètement époustouflée par la somme de travail que demande ce métier et l’investissement émotionnel et de temps que cela représente (la Librairie Maruani organise énormément de signatures et de rencontres, ce qui signifie beaucoup de travail, finir à des heures tardives etc.).
Je n’ai aucun doute sur le fait que Katia et Nicole, ainsi que les autres libraires de la maison, m’épauleront au moment de la parution de mon prochain livre, et même du petit Goût de Mozart qui sortira en juin et auquel j’avais travaillé l’hiver dernier (donc en dehors de cette résidence, mais tout de même). Et je sais que je continuerai d’aller acheter des livres chez elles, de dialoguer, d’aller chercher des infos sur les nouvelles parutions. Comme je l’ai dit ci-dessus, je n’avais jamais créé un tel lien avec une librairie auparavant. Elles sont devenues des amies.