Lire la lecture
Où commence une recherche qui consiste à écrire une ou des histoires subjectives de la lecture ? Y a-t-il meilleur endroit qu’une librairie et celle-ci en particulier ? Vendredi.
Y aller le jeudi.
Regarder la vitrine d’abord, toujours, comme depuis des années en passant devant à n’importe quelle occasion, hasard ou détour, qu’elle soit ouverte ou fermée, qu’il vente, fasse jour ou nuit, en photographier la vitrine constamment renouvelée, métamorphose hebdomadaire, où apparaissent à chaque visite des livres tels de petits miracles qu’il faut garder en soi, au creux de la main, de la pensée. Ne pas les lire serait les tromper.
Chaque vitrine comme une vie de livres en soi, sans cesse réinventée, sans fin réinventée. Un rêve de lectrice, de lecteur, que de toujours l’avoir à vue.
Puis, y entrer en poussant la porte de verre pour se perdre dans l’étendue des possibles, imaginant chaque fois que tout ce qui est là nous appartiendrait et pourtant, non bien sûr, rien de tout cela n’est à nous mais pourrait le devenir et quel intérêt à posséder tous ces livres d’un seul coup, toutes ces pages, tous ces mots ? Ce serait trop beau.
Alors au compte-goutte les immiscer dans la recherche, l’un après l’autre et pas tous, pour aider à "rêver tout haut" une histoire qui commencerait ici, où d’autres vont s’écrire.
Et là, en levant les yeux, Il n’y a pas assez de feuilles de Susan Howe, Howe qui écrit en lisant ou peut-être est-ce l’inverse, "en lisant en écrivant", Susan Howe qui ne vit et n’écrit que par d’autres livres pour écrire les siens, fabuleux, hors pairs, étincelles partagées.